Résumé
Le quatrième cours de cette série centrée sur le thème « entendre sans comprendre » a porté sur des aspects médicaux. Ce thème est inspiré par les propos tenus par une des patientes d’Arnold Starr, pionnier de l’étude des neuropathies auditives : « Je vous entends mais je ne vous comprends pas ».
En 1996, Arnold Starr introduisait le terme « neuropathie auditive » dans un article dont il était le premier auteur. Il y rapportait les résultats des tests physiologiques et comportementaux qu’il avait obtenus chez une dizaine de patients présentant des atteintes auditives qu’il attribuait à « une anomalie de la portion auditive du nerf VIII du crâne ». Chez ces personnes, les produits de distorsions des otoémissions acoustiques étaient préservés ainsi les potentiels microphoniques cochléaires, indiquant que les CCE avaient gardé leur aptitude à distordre des sons et à les transduire. Elles se plaignaient de grandes difficultés de compréhension de la parole, et les enregistrements des potentiels auditifs évoqués montraient une forte dégradation des ondes allant jusqu’à leur absence complète. Et pourtant, de façon surprenante, leurs seuils auditifs psycho-acoustiques en réponse à des tons purs étaient normaux. À côté de cette association inédite de réponses à divers tests, affinée ultérieurement avec la mise en évidence de la diversité des cibles cellulaires et des mécanismes pathogéniques impliqués, on retiendra le terme « entendre sans comprendre » qui a le mérite d’attirer l’attention sur l’existence de dissociations entre sensibilité auditive et performances dans les modes de traitement des sons de parole.