La première leçon a constitué une introduction à cette revue des révolutions de la physique atomique et de l’optique quantique. Elle a commencé par une brève description des grandes étapes de la physique atomique en rappelant d’abord l’état de l’art dans les années de l’immédiat après guerre : spectroscopie des jets atomiques et moléculaires, résonance magnétique nucléaire, premières expériences tests de l’électrodynamique quantique incluant la mesure du moment magnétique anormal de l’électron et du Lamb shift. Cette revue a ensuite insisté sur l’importance des méthodes de la double résonance et du pompage optique, développées par Jean Brossel et Alfred Kastler dans les années 1950, qui ont constitué les premiers exemples de manipulation des atomes par la lumière, avant même l’avènement du laser. Les débuts de cette source nouvelle de lumière ont ensuite été décrits, ainsi que ses premières applications en physique dès les années 1960, conduisant à la naissance de l’optique non linéaire et de la méthode dite de l’absorption saturée. Les années 1970 ont vu le développement des lasers accordables en fréquence qui ont permis l’explosion des méthodes de spectroscopie de haute résolution, s’affranchissant de diverses manières de l’élargissement des raies atomiques et moléculaires dû à l’effet Doppler. La leçon a ensuite brossé rapidement les grandes avancées des années 1980, incluant le développement des méthodes de refroidissement et de piégeage des atomes induites par laser. Dans la même décennie, les avancées parallèles des expériences d’ions piégés et de l’électrodynamique quantique en cavité, réalisées avec des atomes de Rydberg, ont permis les premières observations de systèmes quantiques isolés. Puis, les années 1990 ont vu les premières applications de la manipulation de ces systèmes à l’information quantique, avec des démonstrations simples de portes quantiques et d’intrication, ainsi que l’étude de la décohérence. Dans la même décennie, la physique des atomes froids a conduit à la réalisation des condensats de Bose Einstein, ouvrant la voie à un domaine de recherche extrêmement fécond qui devait exploser dans les années 2000. Cette décennie et les années qui ont suivi ont connu un développement très important des recherches sur les gaz quantiques (bosons et fermions dégénérés), mais aussi de l’information quantique avec des atomes réels et artificiels (circuits quantiques incluant des jonctions Josephson). Elle a également vu des progrès considérables dans la précision des mesures spectroscopiques et des horloges atomiques (développement des peignes de fréquence optiques) et dans l'étude des phénomènes ultrarapides en physique atomique, moléculaire et de la matière condensée (exploitation des impulsions lumineuses « attoseconde »).
Après avoir rappelé cette histoire, dont les divers points seront repris plus en détail dans les cours suivants, la première leçon a illustré les progrès apportés par les lasers à la physique fondamentale en montrant que dans différents domaines, dix ordres de grandeur au moins avaient été gagnés depuis les années 1950 – qu’il s’agisse de la précision spectroscopique et de celle des horloges, de la brièveté des impulsions lumineuses réalisables, de la quête des basses températures ou de la sensibilité de détection des objets microscopiques. Puis, la leçon a rappelé sur différents exemples que toute cette physique demandait pour être analysée d’invoquer le principe de superposition quantique des états, un concept unificateur expliquant des phénomènes apparemment aussi disparates que les battements quantiques, l’oscillation de Rabi, ou la transparence électromagnétiquement induite. Les interférences quantiques, signatures du principe de superposition, sont également essentielles dans les outils standard de la physique atomique et de l’optique quantique que sont les interféromètres de Ramsey et de Mach-Zehnder. La leçon a ensuite montré comment ces divers développements ont conduit à l’établissement de ponts fructueux entre la physique atomique et d’autres domaines de la science : l’informatique, la physique de la matière condensée, la chimie et la biologie, la cosmologie et l’astrophysique ou encore la physique des particules. Enfin, les propriétés des lasers, comparées à celles des sources classiques ont été évoquées. Les gains considérables en flux lumineux, en cohérence et stabilité spectrale qui ont été les raisons essentielles des révolutions mentionnées dans cette leçon, ont été rappelés par la donnée de quelques ordres de grandeur.