Résumé
La première conférence présente le traité d’Agobard en le replaçant dans le contexte général de l’interprétation des intempéries et des représentations du monde physique dans l’idéologie chrétienne. La théologie de la nature d’Agobard est représentative d’un courant de rationalisme chrétien qui s’exprime par une causalité moniste : la présence et l’action divine sont à la fois nécessaires et suffisantes à l’explication du fonctionnement du monde physique. Cette conception prédomine dans l’entourage clérical des premiers Carolingiens. D’abord minoritaire parmi les élites du pouvoir, des courants d’idées divergents apportent une réponse dualiste à la question du malheur et du mal dans le monde terrestre. Celle-ci présente le Mal comme un principe agissant effectivement sur la Nature, directement par l’action d’entités ou de forces extranaturelles, et conjointement avec la complicité d’humains. La notion formulée par Thomas d’Aquin en 1272 du pacte maléfique marque un tournant doctrinal décisif qui conduira progressivement à criminaliser des croyances ou des pratiques qui relevaient précédemment de la pénitence et de la confession.