Résumé
La quatrième conférence conclut l’enquête dans le temps long, en la situant dans le contexte de deux mouvements opposés au sein de l’Église et de la société. L’inclusion chrétienne des collectivités rurales aux VIIIe-IXe siècles visait à assurer le monopole de Dieu et de son Église sur la productivité de la nature et la conjuration des mauvaises récoltes. Cette christianisation médiévale des campagnes, qui intervient à des rythmes et avec des spécificités régionales, atteint son accomplissement général en Occident aux XIIe-XIIIe siècles. Mais, cet encastrement des campagnes et de leurs habitants peut s’accompagner simultanément de phénomènes d’exclusion, d’origine religieuse ou sociale, à l’égard de groupes ou d’individus discriminés en raison de leur origine et de leur altérité (l’étranger), de leur genre (la femme), de leur religion, ou de leur situation en marge de la société établie (l’errant, le mendiant). Au XIe et surtout à partir du XIIe siècle, la magie est désormais interprétée par l’Église comme une erreur coupable qui relève de l’hérésie comme erreur coupable par excellence. Cette qualification canonique ouvre la voie à la mise à l’écart des individus par l’excommunication et à la criminalisation, qui débouchera à partir du XIVe siècle sur le confinement et les persécutions des minorités (lépreux, Juifs) et, aux XVe-XVIIe siècles, à la chasse aux prétendues sorcières et sorciers.