Résumé
La tyrannie des statistiques place le continent africain en mauvaise posture : il est celui où réside le plus grand nombre de « pauvres ». La gestion de ce classement honteux se révèle malaisée pour de nombreux intellectuels. Dans leur souci de réfuter toute rhétorique qui donnerait l’impression de chroniquer l’échec, certains ne reconnaissent aucune légitimité à l’économique, hâtivement amalgamé avec l’économisme. D’autres tentent d’enjoliver constamment le réel africain, niant ainsi ses exigences pourtant bien prégnantes, et cultivant une altérité factice. Dans leurs obsessions à proclamer à l’avènement de nouvelles espérances tout en ignorant les vérités de l’empirisme, les deux camps finissent par oublier que la pauvreté matérielle est un obstacle majeur à l’assertion de la dignité humaine, surtout en période de globalisation.