École normale supérieure, salle Dussane
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Au cours du XIXe s., sous la pression de l'hégémonie de la culture catholique intransigeante, se produit un processus de politisation des dévotions, qui sont chargées de diffuser parmi les fidèles l'aspiration à une société chrétienne opposée à la société moderne. Le culte à saint Joseph, en raison de sa popularité, participe à ce processus général. C'est d'abord Pie IX qui promeut une transformation de l'image du saint : de patron de la bonne mort il devient le patron d'une Église qui est menacée par la « révolution » apportée en Italie par le Royaume de Sardaigne. Il s'agit de susciter une piété capable de contrecarrer les objectifs de ceux qui, sous prétexte de l'unification nationale, visent en réalité à supprimer la souveraineté du pape, seule garantie de sa liberté, et à introduire dans la péninsule les principes de 1789. Léon XIII, dans le cadre d'une modernisation de la présence de l'église dans la société, attribue un sens différent à la dévotion au saint. Le plus grand danger de la modernité vient maintenant du socialisme : la piété pour saint Joseph est donc présentée comme le moyen de diffuser le modèle de ce vertueux ouvrier catholique que la doctrine sociale de l'Église voit comme le remède aux maux engendrés par la révolution industrielle.

Intervenant(s)

Daniele Menozzi

Scuola normale superiore di Pisa