Résumé
Dans la seconde moitié des années 1930, l’urbanisme, inscrit dans le cadre de l’organisation corporative de l’état fasciste, semble avoir acquis une identité forte comme discipline, un champ d’action propre et un rapport explicite avec le pouvoir politique. Adriano Olivetti (1901-1960), industriel d’avant-garde, parrain et collaborateur des jeunes architectes rationalistes milanais, entrevoit dans l’économie corporative la possibilité de réaliser des plans régionaux dans lesquels l’usine deviendrait le moteur du développement territorial, du progrès et surtout, dans une optique de collaboration de classe, de la conjugaison de l’humain et du social.
C’est là le principe fondateur du plan régulateur du Val d’Aoste, coordonné par Olivetti entre 1935 et 1937, dont les éléments architecturaux sont étudiés par BBPR, Luigi Figini et Gino Pollini, et Piero Bottoni.
Repensée pendant les mois de son exil en Suisse grâce à la lecture des philosophes catholiques français et à l’adhésion aux thèmes du christianisme social, cette expérience créera dans l’après-guerre la base de son projet communautaire et ses politiques culturelles, dans lesquelles le rôle de l’architecture et de l’urbanisme sera central.