L'intervention n'a pas eu lieu.
« Mon intervention fera état de ma relation à la recherche architecturale. J’ai participé au sortir de mes études, à une recherche sur le vécu des espaces habités au sein de l'équipe de Jacqueline Palmade et Francoise Lugassy. Les analystes de l'équipe analysaient des rêves éveillés pratiqués avec des habitants selon des grilles freudiennes ou marxistes. J'entendais, pour ma part, émaner une plainte générale concernant l’espace. Il m’apparaissait bientôt que l’essentiel dans la ville, dans l’espace, ne se laisse pas comprendre à travers les seules catégories du langage. J’ai déposé un projet de recherche au Corda intitulé Des unités signifiantes dans la ville. Il fut accepté. Je m’intéressais à ce que l’on perçoit d’une ville, à ce qui en fait la forme, à ce qu’est une forme urbaine. Je voulais analyser la question selon une méthode proche de la Gestaltpsychologie, de la perception de l’espace, sans la rapprocher de la sémiologie. Dans les mêmes mois je fis le projet d'un château d’eau à Marne-la-Vallée. Et c’est alors que je compris que je devais choisir : créer et construire, ou bien chercher et écrire. Je ne savais pas a ce moment mobiliser mon cerveau sur ces deux champs dans le même temps qui m’étaient pourtant aussi importants... J’ai alors choisi de construire et ai bifurqué. Pourtant, en faisant mes projets, cette recherche abandonnée était présente, comme si elle m’avait été un programme et que les projets successifs étaient des pas en avant dans une compréhension en progrès. Depuis ce temps, je me pose régulièrement cette question qui devrait agiter tout architecte et en conduire certains à faire de la recherche : à quoi sert un architecte à notre époque, quel est son savoir, sa méthode ? Et quelle est cette époque ? ».
Christian de Portzamparc est architecte et urbaniste. Formé à l’École des Beaux-Arts, il a été engagé brièvement dans la recherche sur l’habitation. Il a créé en 1980 son agence à Paris, à la tête de laquelle il a réalisé de nombreux projets marquants, tels que la Cité de la Musique, l’École de danse de l’Opéra, la Philharmonie du Luxembourg, l’ambassade de France à Berlin, la tour LVMH à New York et la Cité de la Musique à Rio de Janeiro. Après s’être vu décerner en 1994 le prix Pritzker, il a reçu en 1998 le Grand Prix national d’architecture puis, en 2004, le Grand Prix de l’urbanisme. En 2006, il a été le premier titulaire de la chaire de création artistique du Collège de France.
