Extrait
« Ce projet prend pour objet l’ensemble des liens qui rattachent la littérature d’imagination à l’ensemble de nos préoccupations morales. En abordant cette thématique, déjà explorée par les travaux de Jacques Bouveresse et de Michel Zink, je souhaite me pencher en particulier sur la manière dont la littérature d’imagination met en valeur une dimension essentielle de la vie en commun, qui est celle de la difficulté que les être humains ont à se frayer une voie parmi le foisonnement des exigences éthiques.
Mon point de départ, d’une grande simplicité, consiste à soutenir que la littérature d’imagination nous propose une multitude de cas individuels destinés à éclairer les difficultés de la pratique morale. L’œuvre littéraire accomplit cette tâche en exerçant sur nous une double action : poétique d’un côté, et fictionnelle de l’autre. La force de la poésie nous libère des nos attaches empiriques immédiates ; la poésie nous transporte. La fiction, quant à elle, nous installe ailleurs, au sein des mondes qu’elle évoque. Ces deux opérations sont complémentaires car, en nous arrachant à nos soucis quotidiens, l’exaltation poétique facilite notre immersion imaginaire dans les univers fictionnels. »