La référence à un « nouvel ordre » est double. Il s’agit avant tout d’un phénomène lié aux événements politiques qui suivirent la période napoléonienne, en particulier au congrès de Vienne (1815) dont l’objectif premier était de rétablir l’équilibre des puissances d’avant 1789, dans le but avoué d’effacer et de prévenir les mouvements nationalistes, sécessionnistes ou unificateurs et tout soulèvement populaire jugé déstabilisant pour le système ainsi instauré. L’Empire ottoman, qui parvint à se tenir à l’écart des principaux conflits napoléoniens, ne participa pas au congrès, mais en fut l’un des objets, notamment par la question de la défense de son intégrité territoriale contre les mouvements indépendantistes et sécessionnistes des Balkans.
Pourtant, la rébellion grecque de 1821, qui prit bientôt des proportions de guerre d’indépendance, révéla le caractère éphémère de ces résolutions. Après des années de neutralité plus ou moins bienveillante, avec la bataille de Navarin (1827), les puissances européennes finirent par intervenir en faveur des insurgés, constituant ainsi la première entorse au système par la création d’une Grèce indépendante.
La notion de « nouvel ordre » est aussi un rappel du terme utilisé par Selim III pour décrire son programme de réforme fiscale et militaire, le Nizam-ı Cedid. Les Nouveaux règlemens de l’Empire ottoman de Mahmud Raif Efendi (1798) en étaient un excellent exemple. Toutefois, ce « nouvel ordre » fut aussi la cause d’une réaction menée notamment par les janissaires qui, se sentant menacés par le projet d’une nouvelle armée, s’insurgèrent et obtinrent la destitution de Selim III en 1807 et l’assassinèrent l’année suivante, lors de la contrerévolution qui mit le jeune Mahmud II sur le trône.