Transcription de la vidéo
J'inaugure cette nouvelle chaire Histoire turque et ottomane avec un cours, cette année, qui portera sur le long XIXe siècle et sur la transformation de l'Empire ottoman face à l'Occident.
L'objectif est d'analyser, d'examiner dans le détail, les dynamiques de ces relations entre un Empire que l'on dit mourant et une Europe qui est extrêmement puissante, qui est de plus en plus arrogante, donc c'est une relation assez conflictuelle mais aussi une relation d'amour, d'admiration puisque la modernisation ottomane va se faire à l'aune de l'Occident, c'est-à-dire qu'on va copier, on va émuler et on va essayer d'imiter ce que l'on considère être une formule de réussite.
Alors l'idée est de trouver un rythme pour ce XIXe siècle et ce rythme, je l'établis en trois temps. Un premier temps qui est celui du flirt, en quelque sorte, où l'Empire ottoman commence à découvrir, mais très superficiellement, la réalité occidentale, notamment par des innovations technologiques. Un deuxième temps est celui de l'union, disons presque du mariage. Les Ottomans réalisent que des corrections ponctuelles ne suffisent plus et qu'il faut, par conséquent, se lancer dans un remaniement, une reconstruction de l'État et on se lance dans ce projet avec beaucoup d'enthousiasme, il faut le dire, à partir des années 1840, mais ça n'est pas que l'État, c'est aussi la société que l'on essaie de transformer par le haut et je crois que le point culminant de ce processus, c'est 1856, un décret qui, pour la première fois, parle de l'égalité de tous les sujets. Or, l'égalité, c'est quelque chose qui, dans un contexte ottoman traditionnel, n'a pas de sens puisque c'est une société hiérarchisée où vous avez, déjà, de l'esclavage mais aussi une inégalité de fond entre les musulmans et les non-musulmans.