Dans son exposé, Louis Quéré a proposé un survol des recherches actuelles en sciences sociales consacrées à la confiance. Partant du constat que le mot confiance s’applique à plusieurs phénomènes différents, qui s’interpénètrent mais ne se recouvrent pas complètement, il a tenté de démêler cet enchevêtrement en prenant comme axe de réflexion le lien entre confiance et reconnaissance. Ce lien apparaît d’abord dans les sondages sur la confiance, qui mesurent moins la confiance que des degrés de reconnaissance sociale de catégories de personnes – la reconnaissance consiste alors à attribuer à ces catégories des valeurs approuvées par le public. Ce lien disparaît par contre dans les analyses inspirées de la théorie du choix rationnel ou de la théorie des jeux, qui font de la confiance un phénomène purement cognitif. D’une façon générale, les représentations standard de la rationalité échouent à saisir la forme de rationalité propre à la confiance, qui repose sur l’attribution inconditionnée d’une valeur à la personne bénéficiaire de la confiance – ce qui est aussi un mode de reconnaissance. Cette forme de rationalité a été beaucoup mieux appréhendée par trois sociologues « classiques », G. Simmel, N. Luhmann et H. Garfinkel, dont Louis Quéré a résumé les analyses. En conclusion, il a examiné ce que l’on pouvait mettre derrière l’idée de « confiance dans les institutions ».
Louis Quéré est directeur de recherches au CNRS. Il a fait sa carrière au Centre d’étude des mouvements sociaux (EHESS) et a dirigé ce centre ainsi que l’Institut Marcel Mauss (UMR 8178) de 2005 à 2009.