Intervention du Pr Szlamowicz : « Sémantique et représentation : l’articulation du discours »
La conceptualisation du réel se fait dans la langue mais elle n’est pas faite par la langue, car la pensée ne préexiste pas à sa production par le discours. C’est une problématique importante pour cerner certaines revendications sociales et politiques qui prennent appui sur une conception du langage prétendument « performative ». Les discours sur « l’imaginaire de la langue » qui accusent les structures grammaticales de véhiculer une pensée du genre pratiquent ainsi une simplification déterministe qu’il faut examiner à l’aune des processus de structuration du sens.
Intervention du Pr Salvador : « Le genre : entre archéologie et étymologie des écritures »
Les « noms anciens n'ont pas d’orthographe » selon le narrateur des Filles du feu (Nerval, Angélique, 1854) pour qui c’est là l’évocation nostalgique d’une intimité entre le locuteur et sa langue dont l’orthographe conserve la trace tout en en occultant la profondeur. L’orthographe y est vue à la fois comme le vestige d’une écriture et son masque.
La modernité, de Geoffroy Tory et Megret à Vaugelas en passant par Du Bellay ou Robert Estienne, n’a jamais cessé de faire de l’orthographe un lieu idéologique propre à emprunter aux Antiquités certaines marques de la dignité du français, et par là même à signifier sa grande vitalité politique.
La question des écritures se pose à nos contemporains de manière vive et intense, eux qui cherchent souvent des réponses à la question des origines (en archè) et du vrai dans l’observation de la matérialité symbolique de l’écriture elle-même. Peut-être n’ont-ils pas tout à fait tort… Encore faut-il le prouver. L’exposé abordera donc la question de l’histoire de la construction du genre à la fois du point de vue de l’histoire de la langue mais également de l’histoire de sa grammaire, c’est-à-dire dans la langue parlée et dans la construction des préceptes qui l’entourent.
