Résumé
En France, à la condition de passer par un médecin ou une sage-femme, la loi autorise toutes les femmes à accéder à l’avortement dès lors qu’elles respectent le terme limite de quatorze semaines – c’est l’interruption volontaire de grossesse. Le recours à l’IVG est particulièrement sûr, et repose sur un travail médical dépourvu de dimension diagnostique ou pronostique dont les modalités sont fixées par les recommandations des autorités de santé.
Pourtant, selon les femmes, et surtout selon les médecins à qui elles en font la demande, l’accès et les modalités de l’avortement varient considérablement. Les femmes peuvent ainsi avorter plus ou moins vite, à des termes de grossesse plus ou moins avancés. Elles sont traitées avec bienveillance ou réprimandées pour leur comportement jugé irresponsable. Elles peuvent choisir d’avorter par telle ou telle méthode, de réaliser, ou non, un entretien psychosocial, d’adopter une contraception… ou elles y sont forcées. En montrant que l’effectivité du droit à l’avortement dépend de l’organisation du système de santé, des préférences et des pratiques hétérogènes des médecins, cette séance interrogera la manière dont ces derniers produisent des inégalités sanitaires, mais aussi, plus largement, sociales et politiques.