Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Bien que la métacognition soit devenue un élément essentiel de la psychologie expérimentale contemporaine, celle-ci ne l’accepte qu’en tant qu’objet d’étude. On s’accorde à penser qu’il faut étudier la capacité d’introspection pour elle-même, sans supposer qu’elle soit nécessairement juste, mais simplement comme une opération mentale dont les mécanismes et les limites restent à élucider. L’introspection pouvant être fausse, connaissances et méta-connaissances peuvent donc être classées selon leur valeur de vérité : je peux « savoir que je sais » (confiance dans mes réponses, connaissance de mes stratégies) et « savoir que je ne sais pas » (conscience de mes erreurs et de mes oublis), mais également « ne pas savoir que je sais » (ignorance des opérations subliminales ou préconscientes) et même « ne pas savoir que je ne sais pas », autrement dit « croire savoir » (faux souvenirs, justifications fictives de mes comportements).

De nombreux exemples de telles fictions mentales ont été cités dans le cours. Mentionnons l’expérience de Johansson et coll. sur la cécité au choix (choice blindness) (Johansson, Hall, Sikstrom & Olsson, 2005), dans laquelle le sujet de l’expérience est amené à décrire avec force détails les raisons pour laquelle il a choisi l’une de deux photographies de jeunes femmes… alors que, par un tour de passe-passe, c’est l’image qu’il n’a pas choisie qui lui a été donnée ! La personne se met ainsi à donner, avec le même niveau de détail, la même confiance, la même tonalité émotionnelle, des explications d’un choix qu’elle n’a pas fait. Une autre expérience classique montre que nous pouvons être à la fois inexpérimentés et inconscients de l’être (unskilled and unaware) (Kruger & Dunning, 1999). Dans une série de test très divers (évaluation de plaisanteries, problèmes de logique, de grammaire…), ce sont les participants les moins habiles qui surestiment le plus leur niveau de réussite, méjugeant ainsi leur incompétence. Paradoxalement, l’entraînement, qui améliore les performances objectives, rend aussi les sujets mieux conscients de leur incompétence et peut ainsi diminuer l’estimation subjective de la performance.