La métacognition consciente implique de se représenter son propre esprit en train de représenter une information (« je crois avoir oublié mes clés »). Le format de ces méta-représentations semble très similaire à celui que l’on suppose sous-tendre la représentation des pensées d’autrui (« il croit que j’ai oublié mes clés »). Dans les deux cas, la représentation mentale doit spécifier l’agent (moi ou un autre), l’attitude mentale (croire, savoir…), et la proposition examinée. Se pourrait-il donc que nous utilisions le même format de représentation mentale et les mêmes aires cérébrales pour représenter notre esprit et celui des autres ? La réflexion métacognitive consciente et la « théorie de l’esprit » (theory of mind) feraient-elles appel, au moins en partie, aux mêmes mécanismes ?
Plusieurs arguments empiriques suggèrent effectivement que la connaissance de soi et la connaissance de l’autre sont étroitement liées. Tout d’abord, elles se développent simultanément chez l’enfant : c’est au même âge que les enfants commencent à comprendre l’esprit des autres et à disposer d’une représentation métacognitive de leur propre compétence (Gopnik & Astington, 1988). Des résultats très récents suggèrent que c’est un âge très précoce, vers 7 mois, que se met en place la théorie de l’esprit des autres. Dès cet âge, l’enfant représente ses propres connaissances et celles des autres dans le même format, en sorte qu’elles interfèrent (Kovacs, Teglas & Endress, 2010).