La quasi-totalité du monde eucaryote partage un même système de défense immunitaire : l’immunité innée, fondée sur l’identification des profils moléculaires propres au monde microbien et non présents chez l’hôte. Toutes les cellules possèdent un tel programme où des récepteurs, qui assurent une veille permanente, sont situés à la surface cellulaire, dans le cytoplasme ou encore dans des compartiments endosomaux. Leur mise en jeu induit un système de transmission de signaux, dont le nombre est restreint, lequel à son tour induit rapidement (en quelques heures) l’activation transcriptionnelle de gènes codants pour une série de protéines à action anti-infectieuse directe ou indirecte, telle que l’interleukine 1 ou les interférons. Le principe de ce système est remarquablement conservé de C. elegans, Drosophila, à l’homme. Il s’est diversifié au cours de l’évolution. Les mammifères disposent de cinq classes de récepteurs. Les aspects moléculaires de cette reconnaissance, ainsi que de la signalisation, ont été identifiés en quelques années. En parallèle, la génétique humaine médicale (effets de mutations) et la génétique évolutionniste pointent vers le caractère non redondant de certains de ces récepteurs et identifient des fonctions essentielles de l’immunité anti-bactérienne, fongique ou virale.
Dans une certaine mesure, le « prix à payer » de l’ajustement au cours de l’évolution de l’immunité innée aux microorganismes hôtes de l’homme – une meilleure résistance – est un risque accru de maladies inflammatoires ou auto-immunes, lié à une réponse d’intensité plus forte.
À des profils moléculaires microbiens reconnus, les récepteurs peuvent en effet reconnaître des produits issus de cellules soumises à un stress, augmentant alors la réactivité des réponses de l’immunité innée aux agressions externes. Les modalités de mise en jeu de l’immunité innée (les types de récepteurs et d’effecteurs) dictent le profil de réponse de l’immunité adaptative induite secondairement. L’intégration de ces signaux s’effectue essentiellement au niveau des cellules présentatrices d’antigène – les cellules dendritiques – comme cela fut évoqué dans un cours antérieur. L’immunité innée comprend ainsi des cellules spécialisées dans la phagocytose et la microbicidie, cellules recrutées par les premiers signaux émis, ainsi que des lymphocytes dont l’importance a été très récemment reconnue : les cellules lymphocytaires innées.