Un des principes de l’immunité adaptative consiste, au décours d’une réponse immunitaire déclenchée par un agent infectieux, en une génération de lymphocytes T et B « mémoires » c’est-à-dire à longue durée de vie et capables lors d’une nouvelle infection par le même agent microbien (ou un agent proche) de générer une réponse plus rapide et plus efficace neutralisant l’agent infectieux avant que celui-ci ne provoque une maladie. C’est le principe sur lequel repose la vaccination, réussite la plus probante de l’immunologie.
Les lymphocytes T mémoires peuvent être identifiés à l’aide de marqueurs membranaires, ce qui en facilite grandement l’analyse. Ainsi nombre et caractéristiques de ces cellules peuvent être déterminés. On a récemment mis en évidence qu’il existait une population de lymphocytes T mémoires dotés de caractéristiques de cellules souches, donc capables d’auto-renouvellement, ce qui rend compte du caractère durable de cette mémoire. Une propriété importante des lymphocytes T mémoires consiste dans le fait que le profil de leur métabolisme est distinct de celui des lymphocytes T naïfs. Il est marqué par la présence d’un équipement énergétique mitochondrial plus élevé qui permet à ces cellules de rapidement mettre en jeu des sources d’énergie nécessaires à leur activation et à leur division lors d’une stimulation. Des études expérimentales in vivo fondées sur l’injection d’une seule cellule ont permis de montrer la diversité fonctionnelle des lymphocytes T générés et d’analyser les modalités de cette hétérogénéité. Une notion essentielle acquise au cours de ces dernières années concerne la détection de lymphocytes T mémoires au sein des tissus, à proximité de lieux possibles d’infection : peau, intestin, poumons… Cette compartimentalisation favorise une adaptation des réponses aux microorganismes présents dans tel ou tel territoire (tel que l’herpès simplex au niveau de la peau, le rotavirus dans l’intestin…). Cette observation conduit à proposer un concept d’« immunité régionale » fondée sur des niches anatomiquement définies.
La persistance de lymphocytes T et B mémoires sur des dizaines d’années a aujourd’hui été démontrée, malgré une relative perte cellulaire liée aux phénomènes de senescence et d’exhaustion clonale. L’ensemble des travaux mentionnés ici contribue à l’amélioration des stratégies vaccinales fondées sur le ciblage de niches cellulaires et la précocité des vaccinations.
Ce cours a été suivi d’un séminaire intitulé « Mémoire des lymphocytes B » donné par le Pr Jean-Claude Weill de l’université Paris-Descartes, spécialiste de la biologie des lymphocytes B. Il a en particulier évoqué les rôles respectifs des plasmocytes à longue durée de vie et des lymphocytes B mémoires dans la persistance et la sélection de la production d’anticorps de haute affinité.