Alors que l’océan représente aujourd’hui plus de 90 % du volume offert à la vie, il n’abrite pas plus de 13 % des espèces connues, tous groupes confondus. Ceci pourrait être dû à notre méconnaissance de ce gigantesque milieu mais ce n’est pas tout. Par sa connectivité et son incroyable stabilité depuis 120 Ma, l’océan « diversifie » moins que les continents. Exclusivement océanique au démarrage, la vie a ensuite conquis les continents et a explosé dans les grandes forêts tropicales humides. La coévolution plantes à fleurs-pollinisateurs a joué un rôle considérable.
L’océan est aujourd’hui menacé par les activités humaines, le réchauffement de la masse d’eau et la fonte des glaces polaires, l’acidification globale, la surexploitation des stocks, la destruction des écosystèmes littoraux, les pollutions massives dont ces monstrueux « continents de plastique », les disséminations anarchiques d’espèces dont ces 12 milliards de tonnes d’eau de mer échangées par les tankers géants… cela fait beaucoup ! Et maintenant débutent l’exploitation des grands fonds par la pêche et les permis d’extraction de ressources minérales. Les ressources halieutiques et les débarquements stagnent depuis 25 ans malgré des efforts en augmentation constante en matière de détection des animaux et de moyens de capture. On débarque des animaux de plus en plus petits et de moindre valeur. Il est grand temps de passer à une approche écosystémique. L’aquaculture est en revanche de plus en plus productive et a déjà largement dépassé la pêche, en valeur. Mais elle doit être développée en beaucoup plus grande harmonie avec l’environnement et sans gaspillage de protéines. Restent posés les problèmes d’élevages de carnivores, de disséminations d’espèces et d’impacts environnementaux.
On tire aussi du milieu marin de très pertinents modèles pour la recherche fondamentale avec 13 prix Nobel de physiologie et de médecine acquis grâce à « d’apparemment insignifiantes espèces » comme le calmar, la raie torpille, la limace de mer, l’oursin ou l’étoile de mer, et aujourd’hui plus de 25 000 molécules d’intérêt pharmacologique ou cosmétique ! L’exploitation de l’océan doit impérativement être repensée et de vastes zones mises en protection.