Le Myanmar (autrefois appelée Birmanie) appartenait à l’Inde coloniale britannique au début du XXe siècle. Des géologues britanniques, travaillant pour le Geological Survey of India, ont commencé l’exploration du potentiel paléontologique du Myanmar central avant la première guerre mondiale. Leur travail dans la formation Pondaung, datée de la fin de l’Éocène moyen, a permis d’exhumer une faune mammalienne importante, notamment un primate, Pondaungia cotteri. Plus tard, les travaux du célèbre paléontologue américain Barnum Brown ont abouti à la découverte d’un second primate fossile dans la formation Pondaung, Amphipithecus mogaungensis. Pondaungia, ainsi que Amphipithecus, ont été d’abord considérés comme des membres anciens de la lignée anthropoïde (qui comprend aujourd’hui les singes, y compris les grands singes, et les humains), bien que par la suite leur statut anthropoïde ait été contesté. Les explorations scientifiques au Myanmar ont été suspendues avec la seconde guerre mondiale et l’isolement géopolitique du pays après son indépendance en 1948.
Après des décennies de quiescence scientifique, une nouvelle phase d’exploration de la formation éocène de Pondaung a commencé à la fin des années 1990. Ce renouveau d’activité aboutit à l’exhumation d’une faune fossile riche qui documente les primates anciens de la formation de Pondaung, mais sans mettre un terme aux controverses scientifiques. Les nouvelles informations obtenues sur les primates de Pondaung peuvent être classées en deux catégories : tout d’abord, nous avons grandement augmenté le nombre d’espèces et de taxons de rang supérieur parmi les primates connus de la formation de Pondaung. En plus de Pondaungia et d’Amphipithecus (deux genres très proches qui pourraient, en fait, n’être qu’un taxon), nous savons désormais que le Myanmar central fut le lieu d’une petite radiation endémique de primates amphipithécidés, dont la taille varie de celle de Pondaungia (environ 9 kg) à celle de Ganlea (environ 2,5 kg) ou de Myanmarpithecus (environ 1,8 kg). En sus des amphipithécidés, nous avons également découvert des primates fossiles appartenant à deux autres taxons, les sivaladapidés semblables à des lémuriens (représentés par Paukkaungia et Kyitchaungia) et l’anthropoïde eosimiidé Bahinia.