Salle 2, Site Marcelin Berthelot
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Texte extrait de La Lettre du Collège de France n° 34, Paris, Collège de France, p. 24, ISSN 1628-2329

Dans la troisième conférence (« Quand un ornement est-il une amulette ? Quatre études de cas sur Heraclès comme protecteur dans le monde grec antique »), le Pr Faraone a détaillé quatre études de cas sur Heraclès, figure familière de gardien dans la Méditerranée antique, marquant la difficulté de distinguer les amulettes des ornements. Dans le premier cas, il s'est intéressé à l'usage, connu surtout par des sources littéraires, de graver une incantation métrique sur des maisons privées pour se prévaloir de la présence du héros comme protecteur : une inscription similaire au dos d'un oscillum de Gela laisse penser que les oscilla, même en l'absence d'inscription, pourraient avoir eu une valeur d'amulette, plutôt que d'ornement. Le Pr Faraone a ensuite évoqué trois épisodes mythologiques de la vie d'Heraclès : l'épisode fameux où il étrangle le lion de Némée, un épisode moins connu de son enfance où il vient à bout des serpents envoyés par Héra pour le tuer, et celui où intervient Omphale, la reine de Lydie. Dans chaque cas, le Pr Faraone a montré que, dans la période romaine, les images dépeignant ces épisodes avaient clairement une fonction de protection ou de guérison des malades. D'où une série de questions : d'où venait cette tradition ? S'agissait-il d'une innovation propre à l'époque impériale ? Comment savoir dans quel cas des scènes mythologiques de ce genre servaient d'amulettes ? L'usage de ces scènes comme amulettes représente-t-il une appropriation idiosyncrasique ou parasitique d'un mythe familier ? Ou peut-on montrer que ces images avaient toujours servi d'amulette et revêtu un certain pouvoir apotropaïque ? Bien qu'il soit malaisé de répondre à ces questions, le Pr Faraone a montré qu'au moins dans le cas des scènes de strangulation (du lion et des serpents), elles semblent liées à des modèles bien plus anciens venus du Proche-Orient et d'Égypte, dont certains étaient en effet utilisés comme amulettes, bien avant la période où les récits héraclitéens sont attestés.