Résumé
La médecine est un des plus vieux métiers du monde, et l’aspiration à la santé est volontiers présentée comme un universel. Cependant, l’histoire de la prévention comme celle de la thérapeutique montrent des échanges houleux et passionnés entre l’Occident et l’Orient (Chine et Empire ottoman), illustrés par l’épisode de la variolisation (du XVIIIe au XXe siècle).
Au XXe siècle, la confiscation de la modernité par une médecine dite parfois cosmopolite ou « occidentale » a encouragé l’écriture d’une histoire de la Guérison comme une histoire de la Raison en progrès.
En revanche, à Alma Ata, en 1978, l’OMS a cherché à établir un socle commun aux praticiens de toutes obédiences et encouragé la comparaison, la reconnaissance mutuelle et l’échange entre les cultures.
Au cours des dernières années, la proclamation de l’avènement d’une « santé globale » unifiant le paysage avec la perspective de promesses partagées, a semblé donné le signal d’un « guérir universel » (Jean-François Carémel, 2020). Cette évolution idéologique est remise en cause, entre autres, par la faillite des objectifs de l’éradication des maladies infectieuses. D’où la réintroduction de questions sur la façon dont, par exemple au contact avec des virus, les hommes, au sein de milieux divers, pensent et construisent leur immunité, et manifestent leur identité culturelle et biologique.