Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Datés du 31 mars au 7 juin 1913, les placards Bodmer de Du côté de chez Swann sont au nombre de 95 pour la totalité de la dactylographie. Proust les reçoit jour après jour et se met à les corriger intensément. À ce stade, le texte reste très instable et mobile. Nous examinerons successivement les trois éléments déjà signalés de l’inachèvement : le titre, la première phrase et la fin. Le premier et le troisième sont abondamment évoqués dans la correspondance ; le second jamais.

Jacques de Lacretelle en 1962 avoue avoir été choqué lors de la parution de Du côté de chez Swann en 1913 d’abord par « le titre pas bien harmonieux, ces deux génitifs », puis par les premières phrases, agaçantes pour « quelqu’un qui aimait la logique et la limpidité d’expressions ». Bien avant le contenu du roman, le grief des premiers lecteurs peut être lié au titre.

Proust consulte Vaudoyer peu après le 18 mars : « Aimeriez-vous comme titre Les Intermittences du Passé. / Premier volume Le Temps Perdu. / Deuxième volume Le Temps Retrouvé [?] » (Corr., XII, 114). Lorsqu’il envoie à Grasset les 45 premiers placards le 23 mai, il a modifié le titre général et les titres particuliers de manièredécisive : « Le livre s’appellera : Du côté de chez Swann pour le premier volume. Pour le second probablement : Le Côté de Guermantes. Le titre général des deux volumes À la Recherche du Temps perdu » (Corr., XII, 176-177). Proust ne semble pas douter de ce nouveau titre général, qui n’a pourtant jamais été mentionné jusque-là et qui s’est imposé seulement au cours de la correction des placards, entre avril et mai.

Quant au titre particulier Du côté de chez Swann, choisi « sur le conseil de [Maurice] Rostand » (Corr., XII, 222), que Proust a vu au moins une fois entre février et mai, il est condamné par beaucoup de ses amis, en particulier par Louis de Robert, qui a reçu à la fin de juin les deuxièmes épreuves de « Combray » (Corr., XII, 220-221). L’écrivain songe alors à le remplacer par Charles Swann, qui serait « une sorte de métaphore » (Corr., XII, 224) de la vie du personnage. Mais il hésite encore pendant l’été (Corr., XII, 231-232, 238-239). Dans une lettre à Jacques Copeau du début d’août, il lui demande si Du côté de chez Swann est un titre « “français” » (Corr., XII, 246). Il s’agit en tout cas de la dernière consultation sur ce sujet : il ne l’a plus corrigé ni sur les deuxièmes ni sur les troisièmes épreuves.

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