Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Le traitement du langage est-il organisé de façon  ? Comme nous l’avions déjà discuté dans le cours 2015-2016, le noyau des aires du langage vérifie plusieurs critères de modularité (Fodor, 1983) :

  1. Son architecture neurale est fixe et reproductible d’un individu à l’autre, il possède des connexions anatomiques spécifiques et même un profil distinct de densité des récepteurs de neurotransmetteurs.
     
  2. Il présente un développement rapide, instinctif, et propre à l’espèce humaine (propriétés du language acquisition device postulé par Chomsky).
     
  3. Il semble largement spécialisé pour le langage, par opposition à d’autres systèmes cérébraux organisés de façon plus « horizontale » ou « isotrope », qui interviennent dans de multiples tâches cognitives.
     
  4. Les informations linguistiques semblent encapsulées : le cœur du réseau des aires du langage ne traite qu’une fraction de l’information disponible, et répond par exemple de façon identique à des phrases normales et en « Jabberwocky » (dont on a supprimé les informations sémantiques).
     
  5. Il traite les informations de façon automatique et inaccessible à la conscience. Le cours a développé ce dernier point en passant en revue l’ensemble des données disponibles sur le traitement inconscient du langage. Des données récentes, obtenues dans le cadre de la thèse de Lucie Berkovitch, suggèrent que l’accès à un lexique syntaxique (qui détermine la catégorie des mots, par exemple nom ou verbe) se produit même lorsque le mot est rendu invisible par masquage. Ainsi, les étapes les plus précoces et les plus simples du traitement syntaxique peuvent s’exécuter non consciemment, qu’il s’agisse de la catégorisation grammaticale ou de l’identification des traits syntaxiques (par exemple singulier ou pluriel). De plus, le cerveau répond de façon non consciente à des violations syntaxiques (onde ELAN) ou sémantiques (onde N400), quoique peut-être seulement si les mots sont suffisamment proches dans le temps (il existerait ainsi une dépendance entre mémoire de travail et prise de conscience). L’imagerie cérébrale montre que le cortex temporal continue de répondre aux phrases inconscientes, y compris pendant la sédation, tandis que la région de Broca semble cesser de répondre.

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