Salle 5, Site Marcelin Berthelot
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Nous nous sommes intéressés à la dyslexie développementale, ainsi nommée par opposition aux dyslexies survenant après un accident, par exemple. En 1896, le docteur William Pringle-Morgan décrit un jeune patient présentant des difficultés de lecture qu’il qualifie de congenital word-blindness (Pringle-Morgan, British Medical Journal, 1896). L’OMS a proposé la définition suivante de la dyslexie (2008) : « troubles spécifiques durables et persistants de l’acquisition du langage écrit apparaissant chez un enfant d’intelligence normale lorsque l’intelligence est évaluée par des épreuves non verbales, et sans aucun autre trouble ». La dyslexie conduit souvent à des échecs scolaires.

La lecture a pour but la compréhension d’une information écrite ; elle passe, en général, par la conversion de graphèmes en phonèmes. C’est en raison de l’hypothèse phonologique proposée pour expliquer ce trouble de la conversion graphophonémique que la dyslexie a été discutée dans ce cours. L’hypothèse phonologique de la dyslexie stipule que l’apprentissage de reconnaissance alphabétique, syllabique et des mots passe par l’établissement de liens entre leurs représentations mentales et leur perception au sein de sons de parole ; ces représentations phonologiques seraient altérées chez les dyslexiques. L’hypothèse phonologique de la dyslexie s’est progressivement imposée au cours des 30 dernières années. En conséquence, le problème de la perception des phonèmes chez les personnes dyslexiques a été posé. Il a ensuite été élargi à celui d’un possible déficit auditif plus général qui porterait sur la composante temporelle de la perception des signaux acoustiques (Tallal P., Brain Lang, 1980). Faute d’une résolution temporelle suffisante, les signaux de parole qui comportent des sons brefs ou font intervenir des transitions rapides, par exemple entre une consonne et une voyelle, ne seraient pas perçus normalement par les personnes dyslexiques. Or, comme nous l’avons vu, l’intelligibilité de la parole repose principalement sur le décryptage de l’enveloppe sonore de la parole, elle-même caractérisée par la présence de transitions en amplitude, rapides. Les trois symptômes majeurs du déficit phonologique de la dyslexie sont une conscience phonologique pauvre, un déficit de mémoire verbale à court terme, et une difficulté d’accès au lexique phonologique. La dyslexie est le trouble d’apprentissage le plus commun de l’enfance. Sa prévalence dépend bien sûr de sa définition. On l’estime à 3,6 % des enfants du primaire aux Pays-Bas, de 3 % à 7 % en France, et à 10 % aux États-Unis. Les garçons sont deux fois plus souvent affectés que les filles. Au début du XXe siècle, en 1939, Edith Norrie (Norrie E., 1939) rapporte le caractère familial de la dyslexie. Puis en 1950, Hallgren (Hallgren A., Acta Psychiatr. Neurol. Suppl., 1950) décrit 116 cas index, et trouve plusieurs membres affectés dans leurs familles. Les études menées chez les jumeaux indiquent une héritabilité allant de 50 % à 70 %. Rappelons que l’héritabilité est la part de variance phénotypique due à la variance génotypique ou la part des facteurs génétiques dans la probabilité d’apparition d’un trait phénotypique donné au sein d’une population donnée.