Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Les récits bibliques ne précisent pas un don de la langue à l’homme. Sans doute imaginent-ils que l’homme partage celle-ci avec Dieu et les animaux. Dans Athra-hasis, le langage apparaît comme un don ambigu que les dieux ont conféré aux hommes.

Il y a donc, selon le récit biblique, à l’origine, une langue commune qui est comprise des hommes, de Dieu et des animaux. Il n’y a pas de théorie sur l’origine de cette langue unique ; on pourrait dire que selon l’auteur sacerdotal, elle trouve son origine dans la parole du dieu créateur. Le déluge fait là aussi intervenir une césure, puisque, après le déluge, l’humanité va se différencier et parler plusieurs langues.

La différenciation selon les langues va de pair avec l’installation de groupes humains en différents endroits. Entre Gn 9 et 11, la Bible hébraïque a conservé trois récits contradictoires : Gn 9,18-27 (« L’ivresse de Noé ») qui introduit une séparation et une hiérarchisation parmi les fils de Noé ; Gn 10 (« la table des nations ») et, en Gn 11,1-9, l’histoire de la « tour de Babel ». Le texte le plus neutre est celui de Gn 10 : une liste généalogique comportant un nombre impressionnant de noms dont certains résistent encore à l’explication. Dans sa forme actuelle, le texte est confus ; il le devient moins lorsqu’on se rend compte que, sous cette forme, il combine des éléments « P » et des éléments non-P.

Références

[1] B. Embry, « The ‘Naked Narrative’ from Noah to Leviticus: Reassessing Voyeurism in the Account of Noah’s Nakedness in Genesis 9.22-24 », JSOT 35, 2011, p. 417-433.

[2] A.I. Baumgarten, Myth and Midrash, 65-67.

[3] D. Steinmetz, « Vineyard, Farm, and Garden: The Drunkenness of Noah in the Context of Primeval History », JBL 113, 1994, p. 193-207, p. 198-199.

[4] Pour cette théorie, voir notamment F.W. Basset, « Noah’s Nakedness and the Curse of Canaan: A Case of Incest? », VT 21, 1971, p. 232-237 et J. Bergsma et S. Hahn, « Noah’s Nakedness and the Curse on Canaan », JBL 124, 2005, p. 25-40.

[5] C. Uehlinger, Weltreich und « eine Rede ». Eine neue Deutung der sogenannten Turmbauerzählung (Gn 11,1-9) (OBO 101), Freiburg (CH) - Göttingen: Universitätsverlag - Vandenhoeck & Ruprecht, 1990.