MT est l’agent de la tuberculose, bacille complexe qui coévolue avec l’homme depuis au moins 70 000 ans. La tuberculose a entraîné environ un milliard de décès au cours des 200 dernières années. On estime qu’environ plus de 9 millions de personnes sont infectées chaque année dont 13 % dans le contexte d’une co-infection avec le VIH. Le XXe siècle a été marqué par une régression de l’incidence de l’infection grâce à l’amélioration des conditions de vie, du diagnostic, des traitements à partir de 1950 et dans une moindre mesure de la vaccination. Le développement de formes multirésistantes de MT aux agents antimycobactériens (environ 500 000 cas par an dans le monde) est un sujet de préoccupation. L’histoire naturelle de la tuberculose est marquée par le fait que seulement 10 % des sujets infectés développent une tuberculose maladie, chez 90 % l’infection reste latente. La lésion primitive consiste en un granulome formé de macrophages infectés par MT entourés de cellules immunitaires recrutées : cellules dendritiques, lymphocytes T et B. Le granulome peut évoluer vers son ouverture et la dissémination du matériel nécrotique présent en son centre provoquant la propagation de la maladie ; de façon alternative le granulome peut conduire à la stérilisation de la lésion ou à l’endiguement durable des MT qu’il contient. Ce sont les macrophages infectés qui sécrètent des facteurs de recrutement (chimiokines) et d’activation des lymphocytes T (et B). La production d’interféron γ par les lymphocytes TH1 confère aux macrophages infectés la capacité de tuer MT par la mise en jeu de plusieurs mécanismes dont la production de NO (oxyde nitrique). Les anomalies héréditaires du système immunitaire nous enseignent que la production de radicaux oxygène libérés par les macrophages et l’axe IL-12 interféron γ sont indispensables au contrôle des infections par les mycobactéries, leurs défauts étant responsables d’infections disséminées par les mycobactéries même par celles qui ne possèdent pas les facteurs de virulence de MT.
Une question majeure de la prise en charge des patients infectés par MT est la prédiction de l’évolutivité de l’infection. Une étude a permis d’établir que le profil d’expression de gènes de réponse à l’interféron de type 1 permettrait dans une certaine mesure de prédire la progression de la maladie, ce qui pourrait servir de base à une intervention thérapeutique ciblée. MT a sélectionné au cours de l’évolution de nombreuses mutations résultant dans une capacité de résistance aux réponses immunes, de l’inhibition de la fusion phagosome-liposome, à l’inhibition de la présentation antigénique aux lymphocytes T, l’inhibition de l’autophagie, à l’induction d’effets suppresseurs paradoxaux des polynucléaires neutrophiles et d’autres cellules myéloïdes, et aux effets facilitateurs de l’infection de l’interféron de type 1. Ces facteurs de virulence (résistance) ont été pour l’essentiel caractérisés sur le plan moléculaire.
La vaccination par le BCG, MT vivant atténué a été introduite il y a déjà plus de 90 ans. Ce vaccin protège partiellement des tuberculoses du nourrisson et des enfants mais pas de la tuberculose pulmonaire. En particulier ce vaccin n’induit pas de réponse T CD8. De nombreuses tentatives de modification du BCG par recombinaison génétique sont testées avec notamment l’objectif de permettre la présentation croisée d’antigènes par les cellules dendritiques aux lymphocytes T CD8. Des essais cliniques sont en cours mais il est encore trop tôt pour en évaluer l’efficacité. Il n’est pas exclu qu’il faille effectuer encore d’autres modifications fondées sur une meilleure connaissance des facteurs de virulence de MT et des réponses immunes pour obtenir un vaccin pleinement efficace.