Résumé
Il y a quatre-vingt-dix ans, dans une étude qui fit scandale à l’époque (By Light, Light: The Mystic Gospel of Hellenistic Judaism, New Haven 1935), Erwin R. Goodenough avança l’idée que le judaïsme dans le monde grec avait évolué vers une forme de religion mystique. Selon lui, cet aspect mystique du judaïsme offrait une alternative authentique dans un monde païen profondément mystique. Bien que l’approche de Goodenough ait été justement rejetée comme trop radicale par de nombreux savants, il reste qu’un langage profondément mystique est bien présent dans la littérature judéo-hellénistique. D’après Philon d’Alexandrie, les deux versions de la loi juive, celle du Sinaï (en hébreu) ainsi que celle de la Septante (en grec), remontent à une origine mystique. En outre, la pensée mystique est accompagnée de considérations sur les rêves. Lorsque Jacob rêve d’une échelle dont le sommet atteint le ciel (avec des anges qui montent et descendent sur les échelons), il s’agit d’un enseignement allégorique sur le passage idéal entre la terre corporelle et le ciel noétique. Philon distingue entre trois types de rêves, une typologie qui rappelle les interprétations stoïciennes sur les rêves. Cependant, ici encore, on trouve une interprétation spécifique au judaïsme hellénistique, qui ne se contente pas d’imiter le discours des autres.