Résumé
La majorité des grandes entreprises d’aujourd’hui sont internationales, mais la législation concernant les sociétés et l’insolvabilité est établie au niveau national. Lorsqu’une entreprise est viable, elle peut remplir ses obligations envers ses créanciers, actionnaires et autres parties prenantes, de telle manière qu’en général, le caractère national du droit des sociétés ne pose pas problème. Cependant, lorsqu’une partie ou l’ensemble des entités d’un groupe d’entreprises commerciales est en difficulté financière ou devient insolvable, le droit national ne suffit pas à protéger les créanciers, et notamment les salariés et retraités, au-delà des frontières de leur pays. En effet, sur le plan mondial, les pays ont des approches extrêmement divergentes à l’égard de la législation en matière d’insolvabilité. Certains pays préfèrent proposer des « plans de redressement » donnant aux entreprises insolvables toutes les possibilités de se restructurer afin de préserver les emplois et l’activité économique et de maximiser la valeur des actifs de la société. D’autres sont plus enclins à la liquidation, c’est-à-dire à vendre les actifs pour que les créanciers puissent récupérer leur argent au plus vite. Ou encore, ces deux approches peuvent parfois converger, avec une restructuration partielle ou une liquidation avec continuité d’activité. Quand une entreprise mène ses activités dans plusieurs pays ayant des approches différentes, de graves conflits peuvent survenir entre les parties prenantes et on assiste parfois à une « course » aux actifs qui fait que les plus vulnérables, comme les travailleurs et les petits fournisseurs, sont sérieusement lésés.