Résumé
Les fouilles archéologiques menées ces dernières décennies sur des ensembles funéraires relevant tout ou partie de contextes épidémiques ont permis, au gré des découvertes, la constitution d’un large corpus documentaire en lien avec la peste noire et ses résurgences.
Aujourd’hui riche d’une cinquantaine de sites répartis à travers l’Europe, il fournit un substrat d’étude inestimable pour appréhender diverses caractéristiques de ces épidémies, dont certaines ne sont que peu renseignées par les sources historiques. Des recherches bioarchéologiques récentes ont ainsi tiré profit de ces archives du sol pour restituer, de manière détaillée, les modalités de traitement funéraire adoptées dans ces contextes de mortalité hors normes, révélant par là même leur diversité, certaines de leurs spécificités territoriales et, plus encore, l’évolution qu’elles ont connue au cours de la deuxième pandémie de peste.
En parallèle, l’analyse des squelettes exhumés de ces sites a récemment permis, sur la base des données paléobiologiques collectées, de restituer certaines caractéristiques épidémiologiques de la maladie. Cette dernière semble, à l’aune des résultats des travaux les plus récents, n’avoir généralement pas entraîné de mortalité différentielle selon l’âge, le sexe ou l’état de santé préexistant des individus qui y furent exposés.
Pour autant, des variations chronogéographiques laissent envisager l’influence potentielle d’autres facteurs de risques intrinsèques (p. ex. patrimoine génétique, statut nutritionnel) ou extrinsèques (p. ex. statut social, nature des ectoparasites vecteurs de la maladie), qui sont au cœur de nouveaux travaux de recherche en cours de déploiement.