Colloque co-organisé par Patrick Boucheron, chaire Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle (Collège de France), et Etienne Anheim (EHESS).
Les progrès conjoints de la biologie moléculaire, de l’archéologie funéraire et des sciences de l’environnement permettent désormais de mieux comprendre les mécanismes d’infection et de diffusion de la deuxième pandémie de peste qui balaie l’Europe de 1347 à 1352. De l’analyse de l’ADN à celle du rayonnement solaire, ces savoirs nouveaux contribuent à élaborer le scénario d’ensemble de la plus grande catastrophe démographique de l’histoire de l’Eurasie. Demeure-t-elle plus intelligible pour autant ? S’il paraît évident aujourd’hui que les routes de la peste dessinent les lignes de force des mondes connectés, la géographie exacte de sa diffusion demeure en partie obscure. Surtout, les témoignages documentaires ou iconographiques demeurent rares, lacunaires et difficiles d’interprétation, au point que des questions massives que l’historiographie se pose depuis longtemps – en particulier sur les effets économiques, politiques et sociaux de la peste – demeurent sans réponse. Bref, si la Peste Noire est « bonne à penser » pour l’historiographie médiévale attentive aux rapports entre savoirs et pouvoirs, c’est aussi parce qu’elle met à l’épreuve le laboratoire de l’interdisciplinarité.