Salle 2, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Les relations entre les peuples autochtones et les colonisateurs européens ont été imprégnées d’une violence multiforme qui s’est développée au fil des siècles par l’imposition d’une seule vision de monde, d’une seule langue et d’une seule notion de territoire. Cette histoire s’est traduite par un concept de nation fondé sur l’exclusion du différent, celui-ci devant être intégré à la société dominante. La réduction des peuples amérindiens au cours de l’histoire de la conquête et de l’évangélisation a entraîné une réduction de la diversité linguistique au profit d’une relative uniformisation des langues. Encore aujourd’hui, les langues autochtones risquent de disparaître sous les pressions conjuguées de la domination de la langue nationale, d’une emprise socio-économique et politique et du non-respect des droits humains et des libertés fondamentales. L’éducation qui pourrait être un vecteur de stimulation de l’apprentissage linguistique en langue autochtone n’atteint pas toujours ses objectifs. Que signifie transmettre et apprendre pour les peuples amérindiens ? L’objet de la transmission linguistique et culturelle doit être redéfini par les autochtones. L’écriture alphabétique, audiovisuelle ou artistique peut-elle favoriser la transmission des savoirs ? Quel lien entretient-elle avec l’oralité et les diverses formes d'expressions culturelles ? Les spécificités des langages autochtones doivent être préservées comme des ressources dans l’apprentissage des rapports au vivant et au territoire.

Altaci Rubim Corrêa Kokama

Née Tataiya Kokama, elle est la première professeure autochtone de l'Université de Brasilia (UnB). Militante pour la préservation des langues autochtones, elle représente les communautés autochtones d'Amérique latine et des Caraïbes au sein du groupe de travail mondial de l'UNESCO pour la Décennie des langues indigènes (2022-2032). Elle est titulaire d'un master en société et culture en Amazonie de l'Université Fédérale de l’Amazonas (UFAM) et d'un doctorat en linguistique de l'UnB. Elle est actuellement coordinatrice générale de l'articulation des politiques éducatives autochtones au sein du département des langues et mémoires autochtones du Ministère des peuples autochtones (MPI).

Cédric Yvinec

Il est chargé de recherches au CNRS, et membre du laboratoire Mondes Américains – CRBC, à l'EHESS/Campus Condorcet, associé à l’équipe anthropologie linguistique du Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS). Il a étudié au cours de sa thèse les chants rituels et les récits du peuple Surui de Rondônia, au Brésil. Il s'intéresse aux thèmes suivants : anthropologie linguistique ; discours et pratiques rituelles ; régimes de temporalité et d'historicité ; Amazonie indigène. Il a publié Les ferments de la mémoire. Guerre, fête et histoire chez les Surui du Rondônia (Société d’ethnologie, Nanterre, 2021) et s’intéresse aux processus de patrimonialisation des savoirs autochtones.

Luciana Storto

Elle est titulaire d'une licence en histoire de l'Université d'État de Campinas (1988), d'un Master en linguistique de l'université d'État de Pennsylvanie (1994) et d'un doctorat en linguistique du Massachusetts Institute of Technology (1999). Elle est actuellement professeure à l'Université de São Paulo (USP). Elle coordonne le Groupe d'études en langues autochtones (GELI) de l'USP. Ses domaines d'intérêt sont : description et analyse des langues indigènes ; syntaxe formelle ; phonologie expérimentale ; linguistique historique ; langues en contact.

Emmanuel de Vienne

Il est maître de conférences à l'Université Paris Ouest Nanterre-La Défense depuis 2012, où il enseigne notamment les cours « nature et culture », « anthropologie linguistique » et « anthropologie cognitive ». Il a dirigé le département d'anthropologie de l'université Paris Nanterre. Ses recherches portent sur le groupe Trumai, l'un des groupes qui composent la société multiethnique et multilingue du haut Xingu, dans l'État brésilien du Mato Grosso. Sa thèse, soutenue en 2011, analyse les conceptions de la maladie et de la guérison chez les Trumai, ainsi que les dynamiques locales qui ont conduit à la position marginale des Trumai. Il a poursuivi ses recherches sur le chamanisme avec une étude sur le prophétisme contemporain (en collaboration avec Carlos Fausto). Il s'intéresse actuellement au rôle des nouveaux médias (peintures, vidéos, internet) dans le processus contemporain du patrimoine culturel dans le Xingu supérieur, en particulier autour du retour du rituel Javari.

Intervenant(s)

Altaci Rubim Corrêa Kokama

Coordinatrice générale de l'articulation des politiques éducatives autochtones au sein du département des langues et mémoires autochtones du Ministère des peuples autochtones (MPI)

Cédric Yvinec

Chargé de recherches au CNRS, membre du laboratoire Mondes Américains - CRBC, à l'EHESS/Campus Condorcet, associé à l’équipe anthropologie linguistique du LAS

Luciana Storto

Professeure à l'Université de São Paulo (USP), coordinatrice du Groupe d'études en langues autochtones (GELI) de l'USP

Emmanuel de Vienne

Maître de conférences à l'Université Paris Ouest Nanterre-La Défense