À l’occasion de l’exposition « Vins, huiles et parfums : voyage archéologique autour de la Méditerranée antique », qui se tient au Collège de France jusqu’au 31 janvier 2025, Julien Auber de Lapierre, chargé d’expositions à la Direction des bibliothèques, archives et collections et commissaire de l’exposition, revient sur les objets exceptionnels présentés à cette occasion.
Que propose l’exposition « Vins, huiles et parfums : voyage archéologique autour de la Méditerranée antique » ?
L’exposition retrace une grande partie de la carrière du Pr Jean-Pierre Brun, titulaire de la chaire Techniques et économies de la Méditerranée antique, mais surtout archéologue de terrain. Ses recherches l’ont amené sur de nombreux sites archéologiques du pourtour de la Méditerranée, depuis le Sud de la France jusqu’à Naples, en passant par Pompéi, Cumes, ainsi que la péninsule Ibérique, la Grèce, l’Égypte ou encore le Levant.
Cette exposition met en lumière les contributions révolutionnaires de Jean-Pierre Brun à l’archéologie, en particulier sur la compréhension de la production et de la consommation de vin, d’huiles et de parfums dans l’Antiquité. Nous avons organisé l’exposition autour de quatre grandes aires géographiques, la Gaule, Pompéi, Délos en Grèce, et l’Égypte, en nous concentrant sur le Ier siècle de notre ère.
Que pourra découvrir le visiteur ?
Cette exposition constitue une première au Collège de France, car elle s’organise sur deux sites, l’Institut des Civilisations et le site historique de la place Marcelin-Berthelot. À l’Institut des Civilisations, nous avons réuni une trentaine d’objets, prêtés principalement par le musée des Beaux-Arts de Lyon, le Centre archéologique du Var, le Service archéologique de la Ville de Lyon et le musée international de la Parfumerie de Grasse. Parmi eux, des amphores, des noyaux d’olive, des pépins de raisin et des bouchons de liège, autant de témoins de la production de vin et d’huile dans le Sud de la France. Les visiteurs pourront également découvrir une maquette de la villa maritime de Pardigon, un site vitivinicole fouillé par le Pr Jean-Pierre Brun, ainsi qu’une maquette d’un bateau à dolia, ces grandes jarres qui stockaient le vin pendant son transport, prêté par la famille Guigal. Cela illustre le commerce du vin à grande échelle tout autour de la mer Méditerranée, un aspect central des recherches du Pr Jean-Pierre Brun. Le site Marcelin-Berthelot accueille les prêts exceptionnels du musée du Louvre, notamment des céramiques, des amphores et des pièces en bronze et en verre, évoquant la consommation de vin par les élites grecques et romaines.
L’exposition propose aussi des expériences sensorielles, notamment autour des parfums antiques ?
Nous avons installé ce que nous appelons une « expérience senteur », autour de la reconstitution d’un parfum antique. Le Pr Jean-Pierre Brun a travaillé pendant plus de dix ans sur des vases à parfum qui contenaient encore des résidus organiques. Grâce à des analyses chimiques et à des recettes antiques, comme celles de Dioscoride, un pharmacologue grec, nous avons pu recréer ces parfums. Pour l’exposition, le Pr Xavier Fernandez de l’Université Côte d’Azur a recréé le Rhodinon, un parfum à base d’huile d’olive verte et de pétales de rose de Damas. Ce parfum était largement utilisé dans le monde antique, tant à des fins esthétiques que médicales. Les visiteurs peuvent le sentir via un dispositif interactif installé à l’Institut des Civilisations.
Un programme de conférences est également prévu pour accompagner l’exposition ?
Plusieurs conférences sont organisées pour enrichir la visite de l’exposition qui permettent de rythmer l’événement et d’y revenir. Elles ne portent pas uniquement sur l’exposition, mais aussi autour des personnes qui y ont collaboré, pour avoir une vision complète du travail réalisé par le Pr Jean-Pierre Brun pendant sa carrière au travers de différentes thématiques comme les fortins romains dans le désert, la mise en image de l’archéologie, ou bien les liens avec la production actuelle de vin.