Dix ans après la création de PSL, comment jugez-vous le chemin parcouru ?
À l’échelle d’un établissement pluriséculaire comme le Collège de France, dix ans représentent un laps de temps très bref… Et pourtant, cela a suffi pour qu’une nouvelle institution soit créée et trouve sa place dans l’environnement national et international de l’enseignement supérieur et de la recherche ! Le défi était considérable et le résultat est impressionnant : il s’agissait de faire porter par un nouvel établissement la volonté conjointe de plusieurs institutions reconnues et prestigieuses d’amplifier leur excellence et leur visibilité internationale. Le projet était très risqué pour chacune d’entre elles et beaucoup d’observateurs et de conseils avaient marqué leur scepticisme, parfois officiellement ! Mais nous étions animés par une très forte conviction fondée sur les liens scientifiques puissants qui nous unissaient de longue date ainsi que sur nos valeurs communes. PSL est donc une novation, mais aussi un aboutissement couronné de nombreux succès, depuis l’IDEX obtenu en 2012, jusqu’à la toute récente première place au classement mondial « Times Higher Education Young University Rankings ». Il faut rendre hommage notamment à Monique Canto-Sperber et Thierry Coulhon qui ont œuvré à la construction de cette magnifique réussite.
Quels sont les défis et les grands enjeux qui attendent selon vous PSL lors des dix prochaines années ?
Tout d’abord après ces deux années de crise sanitaire, PSL devra montrer les capacités de résilience, de mobilisation et de cohésion de sa communauté – devenue aujourd’hui plus nombreuse et plus diversifiée – autour de son identité et de ses projets.
Ensuite, PSL est attendue dans les enjeux scientifiques et sociétaux décisifs que constituent désormais la transition écologique, la biodiversité et le changement climatique, mais aussi la santé des populations – pour laquelle l’inauguration de PariSantéCampus a donné un signal très fort, ainsi que le vaste domaine de l’intelligence artificielle. Un des atouts de PSL pour relever ces défis réside dans sa capacité à aborder ces questions de façon pluridisciplinaire en alliant les sciences exactes et expérimentales avec les humanités et les sciences sociales.
Enfin, PSL devra poursuivre et affermir son ambition européenne au sein du réseau des universités européennes, à la fois dans la formation et la recherche. Elle pourra ainsi apporter sa pleine contribution à la construction d’un futur espace d’enseignement supérieur et de recherche européen.
Comment analysez-vous le rôle joué par le Collège de France au sein de l’Université PSL ?
Le Collège de France est un des « pères fondateurs » de PSL avec l’École normale supérieure – PSL, Chimie ParisTech – PSL, l’ESPCI Paris – PSL et l’Observatoire de Paris – PSL, rapidement rejoints par l’université ParisDauphine – PSL et l’Institut Curie. Nous gardons un souvenir particulièrement vif de notre enthousiasme collectif autour de la naissance du projet, puis de notre investissement total dans la compétition farouche pour emporter l’IDEX ! Le Collège de France a apporté l’originalité de son positionnement dans le paysage de l’enseignement supérieur, sa capacité de surplomb et son attachement affirmé pour la subsidiarité qui devait être la base de PSL. C’est pourquoi le Collège de France avait proposé la devise de PSL : « Partageons ce que nous avons d’unique » !
Aujourd’hui, le Collège de France est associé à l’Université PSL et participe activement aux développements de ses projets de recherche et de diffusion des savoirs. Les administrateurs qui se sont succédé ont poursuivi l’engagement dans PSL, sous une forme juridique adaptée aux spécificités du Collège de France, mais toujours avec la même conviction. Tous les dirigeants des établissements constituant PSL savent que le Collège de France est bien présent à leurs côtés dans PSL.
Nous ne pouvons manquer de citer le propos d’Alain Fuchs – qui œuvre avec un succès remarquable à la réussite de PSL – dans ses vœux 2022 : « Chacun de nos établissements partage ce qu’il a d’unique et le met au service de toutes et tous ».