Le Collège à travers les siècles
XVIe siècle
Au XVIe siècle, l'Université de Paris avait le monopole de l'enseignement. Ses quatre facultés : Théologie, Droit, Médecine, Arts prétendaient embrasser tout ce qu'il y avait d'utile et de licite en fait d'études et de savoir, avec pour seule langue d’apprentissage et d’étude le latin. Les sciences, sauf la médecine, se réduisaient au quadrivium du Moyen Âge : l'arithmétique, la géométrie, la musique et l'astronomie. Son poids démographique (plus de quinze mille étudiants), son prestige et ses prérogatives lui procurent un pouvoir important, notamment dans les débats théologiques.
Plusieurs phénomènes érodent alors son monopole. La Réforme et la Renaissance, qui se diffusent à travers toute l’Europe, incitent à l’étude des langues anciennes comme le grec ou l’hébreu, dans une logique de « retour aux sources » des textes chrétiens et philosophiques. Ces mouvements sont par ailleurs favorisés par le développement de l’imprimerie, qui accélère la circulation des ouvrages, y compris profanes, et de l’information. C’est dans ce contexte d’effervescence intellectuelle et de curiosité que naît la nécessité d’un enseignement à la fois plus libre, plus ouvert, et gratuit.
L’humaniste Guillaume Budé, libraire du roi François Ier, suggère dès les années 1520 la création d’un corps spécial de professeurs, inspiré par l’Université Alcalá de Henares en Espagne et surtout le Collège des Trois Langues de Louvain fondé par des proches d’Érasme. En 1530, six « lecteurs royaux » sont nommés : trois pour l’hébreu (François Vatable, Agathias Guidacerius, Paul Paradis), deux pour le grec (Pierre Danès, Jacques Toussaint) et un pour les mathématiques (Oronce Finé). Dès les années 1550, ils enseignent dans les Collèges de Tréguier et Cambrai, à l’actuel emplacement du Collège de France. Charles IX met en place un jury chargé d’examiner les compétences des candidats. Ainsi, en 1567, Nicolas Goulu est jugé apte à l’enseignement du grec après avoir été auditionné par des lecteurs royaux et des poètes de la Pléiade, dont Pierre Ronsard.