Pouvez-vous vous présenter brièvement et nous rappeler votre parcours professionnel ?
J’ai eu l’opportunité, en novembre 1979, à la sortie de mes études universitaires de droit, d’effectuer deux mois de vacations au Collège de France en remplacement d’une personne en congé de maladie. À l’issue de ce remplacement, un poste en contrat à durée indéterminée m’a été proposé afin de renforcer l’équipe des ressources humaines. Il s’agissait d’un poste au sein de l’équipe en charge du budget propre suite à l’internalisation des procédures de recrutement et paie de ses personnels. En 1987, j’ai été titularisée toujours au sein du même service pour accéder tout d’abord au corps de technicienne de recherche et de formation, puis d’assistante ingénieure et enfin d’ingénieure d’études. C’est ainsi que le 1er avril 2025 (jour de mon anniversaire) soit 45 ans plus tard, je cesserai mon activité professionnelle au sein du Collège de France et quitterai mon statut de Dinosaure de l’établissement : surnom affectueux donné par mes très chères collègues les plus proches.
Quelles sont vos principales missions au sein du Collège de France ?
Je suis gestionnaire en ressources humaines « paie et carrière » des agents recrutés et financés par le budget propre de l’établissement. Concrètement, je réalise l’ensemble des actes administratifs et des procédures applicables au domaine des ressources humaines relatives à la carrière et la paie des personnels non titulaires (budget propre).
La prise en charge de personnels de recherche a connu une progression très importante ces dernières années du fait de la gestion exponentielle des contrats de recherche sur le budget propre du Collège de France. J’ai recruté, assisté, épaulé, consolé et parfois materné certains de mes petits doctorants et postdoctorants qui ont pu apprécier le cocooning de l’institution.
Ma carrière professionnelle s’est déroulée au sein d’un même service, mais je n’ai pas eu le sentiment de faire la même chose durant toutes ces années, car le métier de gestionnaire paie et carrière a énormément évolué avec une véritable professionnalisation de la fonction « RH ».
Je ne me suis jamais lassée de ma fonction en RH et si c’était à refaire, je signerai les yeux fermés dans la même direction.
Racontez-nous un moment fort de votre carrière professionnelle
L’événement le plus marquant que j’ai vécu au sein du service des Ressources humaines fut l’accueil d’un physicien, en congé de longue maladie, ayant arrêté son traitement psychiatrique, qui voulait étrangler une collègue en charge de son salaire. Il a fallu l’éloigner de celle-ci, le calmer, l’accueillir pendant quatre heures dans le bureau que j’occupais avec deux autres collègues, en attendant l’arrivée du psychiatre, dépêché par SOS Psychiatrie. Celui-ci décida de son internement, sous escorte de la police, au vu du diagnostic de dangerosité de la situation. Cet épisode très stressant reste marqué dans ma mémoire et a pu mettre en évidence que les équipes en charge des ressources humaines doivent parfois savoir gérer des situations très stressantes, mais toujours empreintes de bienveillance.
Autre moment plus convivial de ma carrière : l’appartenance, pendant douze ans, au CLAS : Comité Local d’Action Sociale où j’ai pu apporter une petite pierre à l’édifice du lien social par la mise en place de diverses festivités : organisation de week-ends de ski, spectacles pour les enfants dans l’amphithéâtre Marguerite de Navarre suivis de remises de cadeaux, création de rencontres tout personnel confondu dans la cafétéria du Collège de France autour du beaujolais nouveau, de barbecues d’été sur le domaine de Meudon et enfin représentations musicales de notre chorale dans la cour d’honneur, le jour de la Fête de la musique.
Toute une époque si enrichissante de rencontres autour d’une belle équipe enthousiaste composée de bénévoles ayant su apporter à l’institution de nombreux moments conviviaux.
Avez-vous rencontré un obstacle dans votre carrière et comment l’avez-vous surmonté ?
Je n’ai rencontré aucun obstacle particulier durant ma carrière professionnelle.
Quel conseil donneriez-vous aux personnes souhaitant travailler en soutien à la recherche ?
Le premier conseil que je souhaite donner est le suivant « Soyez sûrs de vous et n’ayez pas peur de l’adversité ! » Travailler en soutien à la recherche, c’est faire face au quotidien au changement dans un environnement de travail en perpétuelles évolution et mutation. Pour conclure, dans le domaine des ressources humaines, je pense que nous devons savoir être professionnel(le)s tout en restant humain(e)s... et savoir laisser la porte ouverte aux demandes parfois très exigeantes !