Pouvez-vous vous présenter brièvement et nous rappeler votre parcours professionnel ?
Je suis doctorante en physique quantique au Laboratoire Kastler Brossel, une unité mixte de recherche (UMR) de l’École normale supérieure, de Sorbonne Université, du Collège de France et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
Après un début de carrière dans la programmation de jeux vidéo au sein de l’entreprise Ubisoft au Canada, j’ai souhaité réorienter ma carrière professionnelle vers les sciences fondamentales et c’est la raison pour laquelle j’ai repris des études universitaires. Étant initialement diplômée d’une école d’ingénieur en aéronautique, je me suis inscrite en L3 à l’Université pour l’obtention d’une licence puis d’un master en physique quantique. J’ai ensuite débuté une thèse en octobre 2023 au Collège de France dans les simulations quantiques, domaine qui me passionne. L’intitulé de ma thèse est « Simulations quantiques avec des atomes de Rydberg circulaires en pinces optiques dans un milieu cryogénique », encadrée par Clément Sayrin et Michel Brune.
Comment voyez-vous vos missions au sein du Collège de France ?
Ma mission première au Collège de France correspond au cœur de métier de l’établissement, à savoir faire de la recherche. Je consacre également une partie de mon temps de travail à la valorisation et à la vulgarisation de cette activité, car je pense que l’on doit la faire rayonner en France et à l’étranger, que ce soit par des publications, des conférences mais aussi par des actions de médiation. Enfin, en tant que femme, il est important pour moi d’intervenir auprès des jeunes (garçons ou filles) pour leur montrer que chacun peut trouver sa place dans le domaine de la recherche, c’est pourquoi je participe régulièrement à des interventions auprès de collégiens et de lycéens.
Je rajouterai que mon rôle est aussi de donner des clés de compréhension aux personnes éloignées de l’environnement scientifique, car la science fait partie de la société d’aujourd’hui et de demain. Comprendre la science, c’est aussi se prémunir contre les discours mensongers.
Racontez-nous un moment fort de votre carrière professionnelle
La majeure partie de ma carrière professionnelle s’est déroulée dans la programmation de jeux vidéo : après avoir passé plus d’un an à travailler sur un projet d’intégration de l’IA dans les jeux, nous avons présenté avec mes collègues nos résultats. J’étais extrêmement fière lorsque j’ai vu les visages impressionnés de ceux présents à cette présentation, mais encore plus lorsqu’une collègue s’est adressée à moi après pour me dire que je l’inspirais. Cet échange m’a permis de réaliser l’importance pour certaines femmes d’avoir des modèles notamment en sciences ou dans les milieux des technologies.
Je pense que le prochain moment fort de ma carrière sera certainement ma première publication. Voir mon nom sur un article scientifique me permettra de réaliser que j’apporte ma pierre à l’édifice.
Avez-vous rencontré un obstacle dans votre carrière et comment l’avez-vous surmonté ?
Je n’ai jamais eu l’impression de rencontrer d'obstacles, ni dans ma carrière d’ingénieure informatique, ni dans la recherche. Mais je souhaite préciser que je n’ai pas encore eu d’enfant, je pense que cela change énormément la donne. Je pense aussi que j’ai eu de la chance d’avoir rencontré tout au long de ma carrière des personnes qui m’ont fait confiance, cela m’a permis de prendre des risques et de progresser.
Quel conseil donneriez-vous aux jeunes étudiantes inspirées par les métiers scientifiques ?
Le premier conseil que je souhaite leur donner est de foncer sans se poser de questions sur leur légitimité à faire des sciences. Certaines femmes pensent qu’elles doivent fournir plus d’efforts pour prouver qu’elles méritent leur place or, je pense que le plus important est de se concentrer sur ce qu’elles aiment en sciences, tout en acceptant de faire des erreurs de temps en temps, car tout le monde en fait.