John Scheid
Religion, institutions et société de la Rome antique
« En opposant aux discours sectaires les armes universelles de l'histoire, de la philologie et de l'anthropologie, bref tout l'arsenal de la science et de la raison, l'histoire des religions du passé nous met en mesure de dégonfler les mythes modernes, ceux des autres, mais également les nôtres. Elle permet de repérer la projection dans le passé imaginaire des "origines" de fantasmes nationalistes, religieux ou racistes, et de désarmer les interprétations outrées qui peuvent être faites des textes sacrés. À l'intérieur des nations héritées du XIXe siècle, l'histoire ancienne peut aider à déconstruire la représentation que les États-nations se font parfois de leur passé, en montrant que malgré leur apparente proximité, leurs "ancêtres" sont aussi éloignés de la société actuelle que les habitants des antipodes. Elle permet de contester le "miracle grec", le "génie romain", la "supériorité germanique", ou encore la dialectique hégélienne selon laquelle les religions et l'histoire tendent vers le monothéisme chrétien. »
Scheid J., Religion, institutions et société de la Rome antique, Paris, Collège de France/Fayard, coll. « Leçons inaugurales du Collège de France », no 166, 2003, 61 p. ; édition numérique : Collège de France, 2013, https://doi.org/10.4000/books.cdf.3003.