Né à Bruxelles en 1950, Antoine Compagnon a grandi en Angleterre, en Tunisie, aux États-Unis et en France. Ancien élève de l’École polytechnique, où il est entré en 1970, et ingénieur des Ponts et Chaussées, un séjour à la fondation Thiers lui a permis de préparer une thèse de troisième cycle de lettres à l’université Paris VII (1977), publiée sous le titre La Seconde Main ou le Travail de la citation (1979). Il s’est alors orienté pour de bon vers l’enseignement et la recherche littéraires, occupant des postes au département humanités et sciences sociales de l’École polytechnique (1978), à l’Institut français du Royaume-Uni à Londres (1980), puis à l’université de Rouen (1981). Il a soutenu une thèse de doctorat d’État ès lettres en 1985 à l’université Paris VII. En 1985, il est devenu professeur de littérature française et comparée à l’université Columbia de New York, où il a dirigé le département de français et de philologie romane à partir de 1992. Nommé professeur de littérature française à l’université Paris IV-Sorbonne en 1994, il est revenu en France, tout en conservant un enseignement régulier à l’université Columbia.
Ses travaux ont d’abord porté sur la théorie littéraire et sur la Renaissance (Nous, Michel de Montaigne, 1980), avant qu’il ne s’oriente vers l’histoire des études littéraires (La Troisième République des lettres, de Flaubert à Proust, 1983) et donne plusieurs éditions critiques de l’œuvre de Proust à la « Bibliothèque de la Pléiade » et « Folio ». Comme historien de la littérature, il a dès lors surtout consacré ses travaux à la seconde moitié du xixe et à la première moitié du xxe siècle, et il a notamment publié des ouvrages sur Baudelaire, sur Proust, et sur la modernité. À la Sorbonne, son cours annuel de théorie de la littérature a été à l’origine d’un livre, La Démon de la théorie : littérature et sens commun (1998), traduit dans de nombreuses langues. Il n’a jamais cessé de s’intéresser à l’histoire de la critique aux xixe et xxe siècles, de Sainte-Beuve et Brunetière à Lanson et Thibaudet.
Théorie de la littérature, histoire de la littérature française moderne et contemporaine, histoire et théorie de la critique littéraire, tels sont donc les trois axes principaux des recherches d’Antoine Compagnon depuis plus de trente ans. Ils régissent encore son dernier livre, Les Antimodernes, de Joseph de Maistre à Roland Barthes (2005), enquête sur la résistance à la modernité dans la modernité.
Antoine Compagnon est l’auteur de quantité d’articles dans des revues françaises et internationales, articles qui portent sur la théorie, l’histoire et la critique littéraires, mais aussi sur l’enseignement des humanités et sur la place de la culture dans le monde moderne. Il a été invité dans beaucoup d’universités d’Europe et du reste du monde, du Brésil à Israël, et de l’Égypte au Japon et à la Chine. Il a dirigé de nombreuses thèses tant en France qu’aux États-Unis.
Ses travaux ont été récompensés par plusieurs prix et distinctions. Il a été fellow de la fondation Guggenheim (1988) et visiting fellow à All Souls College, Oxford (1994). Il a reçu le prix Pierre-Georges Castex de l’Académie des Sciences morales et politiques (2005) et le prix de la Critique de l’Académie française (2006). Il est membre de l’American Academy of Arts and Sciences (1997) et de l’Academia Europaea (2006).
Secrétaire général de l’Association internationale des études françaises (AIEF), président de l’Association pour la qualité de la science française (QSF), il a été nommé en 2006, par le président de la République, au Haut Conseil de l’éducation et au Haut Conseil de la science et de la technologie.