« Dans une lettre adressée au Père Mersenne le 15 avril 1630, Descartes justifia en ces termes sa foi dans l’intangibilité des vérités mathématiques : « C’est Dieu qui a établi ces lois en la nature, ainsi qu’un roi établit des lois en son royaume (...) On vous dira que si Dieu a établi ces vérités, il les pourrait changer comme un roi fait ses lois ; à quoi il faut répondre que oui si sa volonté peut changer. – Mais je les comprends comme éternelles et immuables. – Et moi je juge de même de Dieu » (1). Ces quelques lignes éclairent la diversité des facettes – théologique, juridique et épistémologique – de la souveraineté, dont il faut retracer la généalogie pour comprendre sa place dans l’œuvre gaullienne ».
Supiot A., « Aux origines des États : la souveraineté de la limite. La geste gaullienne à la lumière de l’histoire des institutions », Revue Défense Nationale, Février 2022, n° 847, p. 30-38.