Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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À titre d’introduction, le cours explore le corpus lexicométrique de l’application Ngram Viewer, qui retrace la fréquence relative des expressions figurant dans les millions de textes scannés par Google (publications de toute sorte, à l’exclusion de la presse). On peut suivre ainsi l’évolution du vocabulaire de la migration depuis la fin du XVIIIe siècle. Alors qu’« émigré » jaillit pendant la Révolution et connaît un fort regain vers 1825, « immigré » ne prend véritablement son essor qu’après 1968 pour progresser continûment jusqu’au milieu des années 1990. Il supplante « travailleur immigré », qui entame son déclin après 1976.

« Migrant », de son côté, désigne d’abord la personne en cours de migration, mais sert souvent de substitut noble à « immigré », en raison de la dérive péjorative subie par ce dernier (à rebours de l’anglais migrant, qui prend avec le temps des connotations négatives). Depuis la Seconde Guerre mondiale, et mis à part une interruption dans les années 1980, « migrant » progresse fortement en France, au point de rejoindre « immigré », traduisant ainsi une attention croissante aux nouveaux arrivants. Alors qu’« exilé » et « proscrit » ont évolué de conserve pendant tout le XIXsiècle, avec des pics autour de 1792 et de 1825, « exilé » s’échappe à partir de 1968, tandis que « proscrit » s’effondre.