S’agissant du Proche-Orient ancien, le terme de « relations internationales » est généralement utilisé, bien qu’il soit impropre si on le prend littéralement, puisque le terme de « nation » ne peut être employé tel quel pour ces hautes époques ; mieux vaut sans doute parler de relations diplomatiques. Quelle que soit la période, la conclusion des alliances y jouait un rôle central : le cours de cette année a cherché à montrer à quel point le droit et la religion s’entremêlent d’une manière très étroite dans les conceptions et les pratiques des alliances, attestées sur environ deux millénaires, du milieu du IIIe au milieu du Ier millénaire.
Un passage de l’Épopée de Tukulti-Ninurta (XIIIe siècle av. J.-C.) offre un point de vue intéressant :
« La paix n’est pas établie sans conflit,
Les bonnes relations n’adviennent pas sans rivalité. »
Cette affirmation met l’accent sur le caractère en quelque sorte inévitable des guerres, la diplomatie n’arrivant qu’ensuite : autrement dit, pour les Mésopotamiens, la paix n’est pas un état naturel, mais quelque chose qui devait être construit.
La plupart des études portant sur les relations diplomatiques dans le Proche-Orient sont consacrées à une période particulière [1] ; celles qui ont un spectre temporel plus large suivent un ordre chronologique [2]. Pour mieux mettre en avant les continuités et les évolutions, et éviter trop de redites, le cours de cette année a été construit de manière thématique.
En introduction, il a fallu présenter les grandes phases de l’histoire des découvertes d’archives cunéiformes à portée « internationale » : celle de Tell el-Amarna en Égypte (1887), puis celle de Hattuša (à partir de 1906) ont documenté la seconde moitié du IIe millénaire av. J.-C. Avec les archives royales de Mari (exhumées à partir de 1934), c’est le XVIIIe siècle av. J.-C. qui s’est trouvé éclairé de manière extraordinaire. Si le site d’Ugarit a été fouillé à partir de 1929, les « archives internationales » (XIVe et XIIIe siècles av. J.-C.) n’ont été découvertes dans le palais qu’à partir de 1951. Une véritable révolution dans la connaissance du IIIe millénaire a été rendue possible par la découverte des archives d’Ebla (en 1975). Enfin, c’est à partir de 1987 que la republication des sources néo-assyriennes (Ninive, Nimrud, etc.) a permis un nouvel élan dans l’étude des empires du Ier millénaire.
On propose ici d’abandonner la perspective « Amarna-centrée » qui prévaut dans l’étude de l’histoire des relations diplomatiques au Proche-Orient ancien, largement due à l’histoire des découvertes, et de redonner davantage d’importance à la première moitié du IIe millénaire av. J.-C. en fonction des sources beaucoup plus abondantes publiées plus récemment.