Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Après une introduction décrivant quelques ouvrages récents, le cours a été consacré à la présentation des sources en ordre chronologique. Il n’est pas question de limiter aux « traités » les sources relatives aux alliances. De nombreux autres genres de textes ont une importance cruciale pour ce thème : des œuvres littéraires comme l’Épopée de Tukulti-Ninurta ou l’Histoire synchronique, les inscriptions royales, la correspondance, mais aussi de modestes textes de comptabilité, tout doit être pris en compte.

L’étude du IIIe millénaire commence traditionnellement par le dossier de la guerre entre Lagaš et Umma, connue notamment par la célèbre « stèle des vautours ». Mais la découverte des textes d’Ebla a fourni de nombreuses données nouvelles pour les XXIVe-XXIIIe siècles : si le fameux « traité avec Abarsal » a donné lieu à une importante littérature, les textes administratifs ne doivent pas être négligés. Ils ont notamment permis de reconstituer une campagne militaire d’Ebla contre Mari. Le XXIe siècle reste toujours aussi mal connu en ce qui concerne les relations des rois de la IIIe dynastie d’Ur avec leurs voisins.

En revanche, la première moitié du IIe millénaire est devenue la période la mieux documentée ; on a procédé à un bilan des « traités » connus, rédigés en paléo-assyrien comme en paléo-babylonien, les plus récents étant ceux découverts en 1987 à Tell Leilan et publiés en 2011. Mais les données des lettres et des documents administratifs sont également essentielles. La seconde moitié du IIe millénaire est d’abord documentée par les quelque 380 lettres découvertes à Tell el-Amarna, qui constituent presque exclusivement la correspondance passive des pharaons Aménophis III et IV ; ces lettres ont été écrites par les rois de même envergure (qui se considèrent comme leurs « frères »), en Anatolie, Haute-Mésopotamie ou Babylonie, ou par leurs vassaux de Syrie-Palestine. Cette documentation est prolongée par les lettres et traités découverts dans la capitale hittite de Hattuša et dans la ville syrienne d’Ugarit, toutes deux détruites à l’aube du XIIe siècle.

La documentation de la première moitié du Ier millénaire est beaucoup plus restreinte : les allusions des inscriptions royales ou de la correspondance attestent pas moins de 45 traités, dont seulement une demi-douzaine ont été retrouvés, le plus souvent dans un triste état.

Le problème est de savoir si on suit une classification émique, ayant recours aux catégories des civilisations anciennes au sein desquelles ces textes ont été écrits, ou une classification étique, donc conforme à une typologie contemporaine. Le danger dans ce dernier cas, c’est qu’on sépare complètement les textes qualifiés de « traités » d’autres textes en fait très semblables, mais qualifiés de « serments de fidélité ». Or les « traités » n’ont émergé que progressivement en tant que tels, étant au départ exactement semblables aux simples serments de fidélité que prêtaient aux rois les membres de leur entourage. Ce n’est que dans la seconde moitié du IIe millénaire que peu à peu sont apparues des caractéristiques propres à de véritables traités, conclus entre rois mais engageant leurs successeurs.