Linguiste, philologue, orientaliste, historien, philosophe, Ernest Renan (1823-1892) occupa au Collège de France la chaire Langues hébraïque, chaldaïque et syriaque (1862-1892) et fut son administrateur de 1883 à 1892.
Son œuvre novatrice mobilisa dès sa leçon inaugurale près de 3 000 personnes et fut contestée par une partie du public, entraînant aussitôt la suspension de son cours en 1862 puis, après qu’il eut publié sa Vie de Jésus, sa destitution en 1864. Son approche de la figure de Jésus, qu’il considère uniquement du point de vue des sources historiques, a choqué les croyances de nombre de ses contemporains qui refusaient de distinguer le personnage historique de la divinité.
Réintégré en 1870, il contribua à pérenniser certains principes de fonctionnement du Collège de France : lieu d’enseignement de « la recherche en voie de se faire » dont les chaires se transforment au fil de l’évolution des sciences et des savoirs.
Soucieux de modernité scientifique, Renan œuvra par ses écrits et son action au développement d’un enseignement d’excellence. Il contribua de la sorte à imposer aux humanités la rigueur des sciences exactes et à dégager les sciences humaines et sociales de toutes les influences idéologiques (religieuses, politiques…), qu’elles soient externes ou propres au chercheur. Trois de ses écrits, L’Avenir de la science, Vie de Jésus, et Qu’est-ce qu’une nation ? constituent des jalons de la vie intellectuelle de son siècle et irriguent toujours la pensée de nos contemporains.
Notice rédigée par Ronan Le Guen (Collège de France).
