

Aux XIXe et XXe siècles, les découvertes en neurobiologie et en immunologie ont bouleversé la manière dont nous comprenions les interactions des êtres vivants avec leur environnement. Malgré ces avancées, il faudra attendre le tournant du XXIe siècle pour que le dogme de la séparation entre cerveau et système immunitaire soit discuté. Depuis une vingtaine d’années, les études attestent le rôle de cellules immunitaires du cerveau non seulement dans la construction et le fonctionnement de l’activité cérébrale, mais aussi dans l’apparition de pathologies neurodégénératives et psychiatriques. Il apparaît donc essentiel de cultiver une approche systémique qui vise à considérer le cerveau dans sa dynamique d’évolution et dans le contexte plus général du corps. Cette approche, qui cherche également à connaître l’origine des maladies, est une source d’espoir pour l’émergence de nouvelles voies thérapeutiques.
Ce livre est la réédition par le Collège de France de l’ouvrage publié sous le même titre en 2021 (Collège de France/Fayard).
Neurobiologiste, Sonia Garel dirige l’équipe Développement et plasticité du cerveau à l’Institut de biologie de l’École normale supérieure (ENS) à Paris. Depuis 2020, elle est professeure au Collège de France, titulaire de la chaire Neurobiologie et immunité.
La dynamique du cerveau
Des interactions neuro-immunitaires connues depuis longtemps
Cerveau et système immunitaire : une longue histoire d’études réalisées en parallèle
Un changement de paradigme durant ces vingt dernières années
Un « privilège immunitaire » du cerveau bien relatif
Les microglies, des cellules immunitaires résidentes aux multiples fonctions
Les microglies, des « senseurs » à l’interface entre cerveau et corps
Les contributions microgliales aux pathologies neurodégénératives
Le contexte particulier du cerveau en développement
Les microglies, des migrantes qui colonisent le cerveau très tôt
Les microglies, des acteurs modulables du développement cérébral
La nécessité d’une approche intégrée
[…] le cerveau est le résultat d’un long « bricolage » évolutif […]. À l’échelle de l’évolution des espèces, hasards, recyclage de circuits existants et pressions de sélections ont abouti au cerveau des mammifères et à celui de l’homme : il n’a donc pas été construit avec un but ultime de fonctionnement optimal.
Pourquoi est-il important d’intégrer cette dimension temporelle ? Devant la complexité de l’édifice, comprendre son processus de construction ne peut qu’aider. Mais cette dynamique est également centrale dans l’étude des maladies cérébrales. Celles-ci sont en grande partie associées soit à des défauts de développement en début de vie – retard mental, troubles du spectre autistique ou schizophrénie –, soit au vieillissement – maladies neurodégénératives, dont les maladies de Parkinson et d’Alzheimer. Dans ces deux cas, les symptômes peuvent apparaître des années après le début de la maladie.
Appréhender cette dynamique favorise donc à la fois notre compréhension de l’émergence d’un cerveau fonctionnel et notre progression dans la connaissance de l’origine des pathologies.