Après 3,5 milliards d’années d’évolution, notre planète s’épuise du fait de l’exploitation intensive des énergies fossiles et de l’eau, de la surconsommation d’engrais agricoles et de la déforestation. Elle pourrait vivre la plus importante des extinctions massives.
Observer les organismes avec lesquels nous cohabitons permet de mieux comprendre les fonctions de chacun et de percevoir l’ampleur des phénomènes en cours, qui engagent dès à présent l’avenir de l’humanité : perte de la biodiversité, dégradation des écosystèmes, changement climatique, épidémies. Face à ce constat alarmant, les scientifiques ont un rôle déterminant à jouer : produire des modèles et formuler des prédictions pour susciter des actions politiques concrètes.
Ce livre est la réédition par le Collège de France de l’ouvrage publié sous le même titre en 2021 (Collège de France/Fayard).
Directeur de recherche au CNRS et directeur du laboratoire Génomique des plantes et des algues à l’Institut de biologie de l’ENS, Chris Bowler a été nommé sur la chaire annuelle Biodiversité et écosystèmes du Collège de France, créée avec le soutien de la Fondation Jean-François et Marie-Laure de Clermont-Tonnerre, pour l’année académique 2020-2021.
Que savons-nous de la biodiversité sur Terre ? Notre connaissance des macro-organismes est bien meilleure que celle des micro-organismes. Les premiers, visibles à l’œil nu, affichent plus de signes distinctifs et sont plus faciles à dénombrer. Notre connaissance de la biodiversité des milieux terrestres, par ailleurs, est supérieure à celle des milieux océaniques. Intéressons-nous tout d’abord à la biodiversité des milieux terrestres. Sur terre, le groupe d’organismes le plus diversifié est sans conteste celui des insectes, qui compte au moins neuf cent mille espèces. Les mammifères, par comparaison, forment un tout petit groupe, avec seulement environ six mille cinq cents espèces répertoriées. Cependant, si nous considérons la biodiversité en termes de biomasse, le résultat est radicalement différent. Les plantes dominent alors très largement, tandis que les animaux sont relégués derrière les « humbles » protistes, ces êtres unicellulaires munis d’un noyau.