Créée lors de l’assemblée du Collège de France du 25février 1973, la chaire intitulée «La Grèce et la formation de la pensée morale et politique» avait alors pour objectif d’aborder le génie propre du peuple grec, censé avoir donné à l’homme confiance en sa raison, cette Grèce qui aurait «créé la plupart des notions qui sont encore les nôtres» et dont «l’exemple et l’héritage» font l’objet de l’enseignement alors proposé. Cette présentation, conservée dans les archives du Collège de France, correspondait tout à fait à la démarche poursuivie par Jacqueline de Romilly, qui serait élue quelque mois plus tard. L’helléniste de renom représentait parfaitement la tradition classique d’une philologie faisant de l’étude de l’Antiquité grecque l’expérience d’une culture d’autant plus fascinante qu’elle était censée avoir forgé notre modernité. Ses cours ont développé le thème des idées politiques et morales considérées comme ayant été forgées par les Grecs. Pendant une décennie, Jacqueline de Romilly a proposé une étude de la Grèce antique fidèle à l’héritage de l’humanisme classique et érudit, s’attachant à la familiarité d’un passé conçu comme la matrice du présent.