Le Collège de France correspond bien à la personnalité et aux aspirations d’Henri Bergson où il enseigne à raison de deux cours par semaine : le vendredi et le samedi après-midi. Le premier cours est consacré à un problème philosophique et le second à commenter des théories de philosophes tels qu’Herbert Spencer, George Berkeley ou encore Baruch Spinoza.
Son influence au Collège de France, à l’image de sa philosophie, est marquée par son ouverture vers des disciplines émergentes et des recherches audacieuses. Il œuvre plus particulièrement pour la psychologie et la sociologie, dont les deux plus éminents représentants sont d’anciens camarades de l’École normale supérieure. Peu après son arrivée au Collège de France, il se fait l’artisan de l’élection de Pierre Janet à la chaire de psychologie expérimentale et comparée. En 1905, il tente, sans succès cette fois, de faire entrer une discipline naissante au Collège de France, en proposant de transformer la chaire de philosophie grecque et latine en une chaire de sociologie, probablement à l’intention d’Émile Durkheim. Le succès de son enseignement, reconnu pour la nouveauté et la richesse de sa pensée, est tel que l’affluence des auditeurs et des auditrices, très nombreuses, qui se pressent pour suivre ses cours, oblige nombre d’entre eux à écouter aux fenêtres de la salle où Bergson enseigne. L’année1914, en particulier, connaît devant ce succès public, voire mondain, une multiplication des incidents dus au manque de places. Pétitions et lettres à l’administrateur se succèdent. Il est donc décidé de réserver en priorité les places aux étudiants, ce qui provoque le mécontentement des autres auditeurs. À partir de l’année académique 1914-1915, peut-être devant les excès de cet engouement, Bergson se fait suppléer jusqu’en 1921, date à laquelle il est admis à l’honorariat. Son suppléant, Édouard Le Roy, lui succède.