Résumé
Aux débuts de la musique électronique, les sons étaient enregistrés puis reproduits dans un tempo prédéfini. Ceci contrastait avec le fait que les musiciens jouent en interaction constante entre eux et avec la partition, communiquant par le regard autant que par le son, et gérant leur tempo en fonction de plusieurs paramètres : choix expressifs, acoustique du lieu, etc. Pour laisser plus de champ aux interprètes, K-H. Stockhausen pouvait insérer des séquences de liberté instrumentale entre les parties électroniques. P. Manoury souhaitait aller beaucoup plus loin en associant l’électronique à l’intimité de la musique par une véritable interaction entre interprètes et sons de synthèse. Ceci a été rendu possible par l’usage des ordinateurs, qu’il voit comme assurant trois fonctions : la synthèse de séquences sonores prédéterminées, la possibilité d’engendrer des séquences aléatoires et la possibilité de comprendre dynamiquement l’environnement et de s’y adapter grâce à des capteurs adéquats. Un progrès important a été le suivi de partition, qui asservit le tempo de la musique électronique à celui des interprètes par analyse des sons qu’ils produisent ; il a été développé par Miller Puckette [1] et utilisé pour la première fois dans la pièce Jupiter de Manoury. Antescofo, présenté ci-dessous, a approfondi cette approche par une analyse fine des variations de tempo essentielles pour l’expression musicale.