Le papyrus Prisse provient de Thèbes ouest, plus exactement de la nécropole de Dra Abou’l Naga, plus précisément encore des fouilles commanditées par Prisse d’Avennes au milieu du XIXe siècle, au cours desquelles il a été découvert, puis volé et revendu à Prisse[1]. Celui-ci en fait don au cabinet des Médailles en 1845 et en publie un fac-similé en 1847[2]. Le papyrus porte deux textes sapientiaux : les dernières lignes de l’Enseignement pour Kagemni et les Maximes de Ptahhotep. Du premier, il reste la version unique ; des manuscrits des secondes sont peu à peu repérés, et, en 1911, Gustave Jéquier donne de l’ensemble une editio princeps[3]. Eugène Dévaud publie, cinq ans plus tard une étude assortie d’un commentaire[4], dans laquelle il fixe le découpage aujourd’hui encore retenu du texte en maximes. Le texte original remonte peut-être à la fin de l’Ancien Empire, mais date, d’après sa paléographie, de la XIIe dynastie.
Kagemni comme Ptahhotep sont des personnages politiques connus : le premier a probablement été vizir de Téti Ier et non de Snéfrou comme l’indique le pPrisse[5] ; Ptahhotep, lui, est mieux identifié, tant comme personnage historique que dans la tradition littéraire classique, comme en témoigne le pChester-Beatty IV :
L’homme meurt et son corps retourne à la terre, toute sa lignée s’en va en poussière. C’est l’écrit qui maintient son souvenir dans la bouche de qui le lit. Un livre est plus utile que la maison de celui qui l’a construite, qu’une chapelle à l’Occident. Y a-t-il ici quelqu’un comme Hardjedef ? Y en a-t-il un autre comme Imhotep ? Il n’y a eu personne dans notre lignée comme Nefery ou Khety, les premiers d’entre eux. Je te rappellerai le nom de Ptahemdjehouty et Khakheperreseneb. Y en a-t-il un autre comme Ptahhotep ou comme Kaïres ? Ces savants qui prédisent l’avenir, ce qui est sorti de leur bouche se produit. On le trouve sous forme de maximes écrites dans leurs livres. Les enfants des autres leur sont donnés comme héritiers, comme s’ils étaient leurs propres enfants. Ils ont dissimulé leur magie au monde entier pour qu’on la lise dans leurs sagesses. Ils sont partis et leur nom est oublié, mais ce sont les écrits qui rappellent leur souvenir[6].
On a traduit et commenté les passages conservés de l’Enseignement pour Kagemni et étudié de la même manière le prologue des Maximes de Ptahhotep.